Une personne sans-papiers sur six souffre de troubles de stress post-traumatique

FacebookTwitterLinkedInEmail

Plus de la moitié des personnes sans titre de séjour déclarent avoir vécu un événement traumatique, dans leur pays d’origine (33%), au cours de la migration (19%) et en France (14%). 16 % d’entre elles souffrent de troubles de stress post-traumatique (TSPT), d’après une étude réalisée par l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes).

Réalisée de février à avril 2019, dans 63 structures d’aide aux migrants à Bordeaux et à Paris, l’enquête Premiers pas a interrogé 1 223 personnes majeures en situation irrégulière. Elle recueille des informations sur le parcours de migration, l’état de santé, l’accès à l’assurance et le recours aux soins. Elle éclaire le rôle des conditions de migration mais aussi des conditions de vie en France sur la prévalence des TPST.

Le Trouble de stress post-traumatique (TSPT) trouve son origine dans une confrontation brutale à la mort ou ses équivalents (menace de mort imminente, de blessure grave ou d’atteinte de l’intégrité physique par exemple). Cet événement est vécu comme un facteur de stress intense ou d’effroi, face auquel la personne se sent impuissante. A ce vécu traumatique peut succéder une période de latence, qui parfois évolue vers un TSPT, caractérisé par 4 symptômes principaux : revivisences, htpervigilance, évitement et altérations cognitives de l’humeur. La souffrance morale et des complications physiques altèrent profondément la vie personnelle, sociale et professionnelle et nécessite une prise en charge spécialisée.

Cette étude éclaire tout particulièrement les liens entre les motifs et les conditions de migrations, celles de vie en France et les TSPT. Elles montrent ainsi que l’insécurité alimentaire et la précarité du logement sont liées à des prévalences élevées de TSPT. Par ailleurs, ces troubles sont ignorés par les personnes qui en souffrent : moins de 2 % d’entre elles déclarent en être atteintes, alors que 11 % indiquent souffrir d’anxiété, 14 % des troubles du sommeil et 12 % des idées suicidaires quasi-quotidiennes.

Ces résultats permettent d’objectiver que les personnes sans titre de séjour sont soumises à des conditions de vie très dégradées, au stress lié à la clandestinité, ainsi qu’à des difficultés d’accès à l’AME. Les chercheurs pointent le rôle des politiques d’accueil pour prévenir et réduire la gravité des situations et permettre l’accès à des soins psychiques «adaptés et continus», en renforçant notamment les dispositifs « d’aller-vers ».

• Une personne sans titre de séjour sur six souffre de troubles de stress post-traumatique en France. C. Prieur, P. Dourgnon, F. Jusot et al., Questions d’économie de la santé n° 266, mars 2022, www.irdes.fr.