Dans le programme des cours à venir du mois de mars de la Chaire de philosophie à l’hôpital, nous avons retenu les cours suivants :
Suicide, l’envers de notre monde – sociologie contemporaine du suicide
Distanciel, le 14 mars à 18h , avec Christian Baudelot
Des changements importants sont intervenus dans l’évolution du suicide, dans notre pays et dans une grande partie des autres. Depuis 1985 le taux de suicide baisse. Le mouvement est net, régulier et de grande ampleur. Le taux de suicide s’établissait au cours des années 1985 et 1986 à 22,5 pour 100 000 habitants, soit un niveau voisin des années précédant la première guerre mondiale, très proche du maximum jamais enregistré une seule fois dans notre pays (25 en 1908). Il est tombé en 2013 à 15,1 et à 13,8 en 2014 , soit un niveau identique ou légèrement inférieur à celui que la France a connu dans les années 1950, dans l’immédiat après-guerre et au tout début des années de forte croissance : l’un des plus faibles qui ait jamais été enregistré au cours du vingtième siècle, à l’exception des années de guerre. Bref au cours des trente dernières années, le taux de suicide est passé du niveau maximum au niveau minimum ! Pourquoi ? Comment ?
Christian Baudelot, né en 1938, est sociologue. Il a successivement enseigné aux Universités de Lille, de Nantes, Yale, NYU, Shanghaï,à l’Ensae puis au Département de sciences sociales de l’Ecole Normale Supérieure qu’il a dirigé de 1990 à 2008. Il a travaillé pendant quatre ans à l’Insee sur l’évolution individuelle des salaires. Il a publié avec Roger Establet de nombreux ouvrages sur les inégalités sociales à l’école, la scolarisation des filles, la hausse du niveau, les classes sociales, la jeunesse, et la sociologie du suicide. Durkheim et le suicide, Puf, 1984 ; Suicide, l’envers de notre monde, Seuil, 2006 ; réédité en poche en 2018, col Points.
Une histoire des objets contenants
Distanciel, 15 mars à 17h30, avec Michel Caire
Michel Caire est psychiatre hospitalier à Paris, docteur en histoire à l’École pratique des hautes études et ancien président de la Société médicale des psychiatres des hôpitaux. Il est notamment l’auteur de Soigner les fous : histoire des traitements médicaux en psychiatrie (Editions Nouveau monde, 2019).
Psychiatrie : laboratoire de la démocratie ?
Présentiel, le 31 mars à 19h au CHU de Clermont-Ferrand, avec Mathieu Bellahsen
En mai 2020, nous avons dénoncé des illégalités survenues dans l’établissement public de psychiatrie où nous exercions alors. D’après le Contrôle Général des Lieux de Privation de Libertés (CGLPL), « Ces privations de liberté injustifiées et illégales ont été mises en oeuvre dans des conditions indignes. » En cause, une confusion médico-administrative entre plusieurs registres d’isolements : « l’isolement » issu de la médecine infectieuse et l’isolement psychiatrique. Si, en tant que telle, la syndémie de covid-19 a été l’occasion de dérives graves sous prétexte d’état d’urgence sanitaire, ces dernières surgissent sur un fond propice à bafouer les droits des psychiatrisé(e)s.
Mathieu Bellahsen est psychiatre, auteur de “La santé mentale. Un bonheur sous contrôle” (La fabrique) et co-auteur de “La révolte de la psychiatrie” paru à la découverte. Il a dirigé un secteur de psychiatrie en banlieue parisienne pendant plusieurs années. Son expérience concrète articule l’analyse politique du néolibéralisme et de ses effets dans le champ de la “santé mentale” avec la nécessité de tenter des pratiques “altératrices” dans le quotidien du travail et des soins.
