02/11/2021

Un regard psychodynamique sur la différence entre stress et trauma

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Depuis quelques années, la société et le langage courant se sont emparés des termes de « stress » et de « traumatisme », créant une confusion totale dans leur utilisation et banalisant leur signification. Tel un phénomène de « mode » parfaitement relayé par les médias en quête de sensationnel, nous sommes rentrés dans « l’ère du traumatisme ». Aussi, pour Julie Francols, psychologue clinicienne et spécialiste en psychotraumatologie, est-il fondamental de leur réattribuer leur signification et leur spécificité respectives comme elle nous l’explique dans et article.

Chaque jour, nous entendons autour de nous, des personnes se sentir stressées ou traumatisées ; une telle se dira « traumatisée par sa dernière relation amoureuse », un autre prétendra être traumatisé par une scène d’horreur diffusée à la télévision, et nombreux sont ceux qui se définissent comme « hyper-stressés » au quotidien.

Aujourd’hui, tout événement douloureux ou contrariant est qualifié de stressant ou traumatisant ; toute situation qui nous touche émotionnellement et qui bouscule un peu trop notre vie est dite stressante ou traumatisante. La banalisation de l’utilisation est telle, qu’elle a généré une indifférenciation totale entre la signification des termes « stress » et « trauma », amenant une perte totale de sens.
Aussi, est-il fondamental de leur réattribuer leur signification et leur spécificité respectives. Nous proposons de porter un regard psychodynamique sur les mouvements et les conflits intrapsychiques à l’oeuvre dans les situations de stress pour démontrer les différences inhérentes à réactions, que sont le « stress » et le « traumatisme ». Nous nous appuierons sur les travaux menés par Sigmund Freud (1920) et Sandor Ferenczi (1932) qui ont, sans nul doute largement inspirés les auteurs contemporains qui se sont penchés sur la clinique du traumatisme.

Le stress, un processus bio-neuro-physiologique

Le mot « stress » appartient avant tout au langage neurophysiologique ; le stress se définit comme un « phénomène essentiellement physiologique, ou neuro-physiologique réflexe, qui met immédiatement l’organisme agressé en état d’alerte et de défense » (L. Crocq). Le stress est une réaction neuro-physiologique en réponse à une situation de danger, comme une agression ou une menace mettant en jeu la vie du sujet ou son intégrité physique ou psychique. Le sujet manifeste alors immédiatement, un état d’alerte et de défense qui lui permet de faire face à la menace.

Plus en détail, l’organisme met en place de manière immédiate, différentes manifestations physiologiques et somatiques, qui vont permettre au sujet de se mobiliser et d’organiser sa défense face au danger. Nous pouvons citer :

  • la libération de noradréaline dans le sang qui provoque une accélération des rythmes cardiaques et respiratoires, et un accroissement de la tension artérielle,
  • l’augmentation du taux de sucre sanguin,
  • le déplacement de la masse sanguine de la périphérie vers les organes internes,
  • des sensations de chaleur, pâleur, frissons, spasmes viscéraux,
  • une sensation de « boule dans la gorge », un « noeud dans l’estomac »,…
    Aussi, la réponse neuro-physiologique se double d’une réponse psychologique, qui permet la mobilisation des ressources cognitives et psychiques du sujet. Elle focalise l’attention du sujet sur la menace, mobilise ses capacités cognitives (attention, traitement de l’information, évaluation, mémorisation) et favorise la prise de décision et la mise en action.

Le stress apparait ainsi comme une réaction naturelle et spontanée, utile et adaptive. Elle permet avant tout au sujet de s’organiser de manière adaptée pour faire face à un danger dans son environnement. Soulignons néanmoins, que la réaction de stress est une opération très couteuse en énergie ; elle épuise les réserves hormonales et glucidiques, et les ressources psychiques et cognitives. Elle durera aussi longtemps que la menace se ressentira, mais son efficacité sera limitée dans le temps. A l’issue de la situation menaçante, le sujet ressentira une sensation d’épuisement (sensation d’être « vidé »), souvent mêlée d’une sensation de soulagement euphorique.

Le traumatisme psychique se définit comme un « phénomène d’effraction du psychisme, et de débordement de ses défenses par les excitations violentes afférentes à la survenue d’un événement agressant ou menaçant pour la vie ou l’intégrité (physique ou psychique) d’un individu, qui y est exposé comme victime, témoin ou acteur » (L. Crocq, 2014).

Le traumatisme psychique se définit comme un « phénomène d’effraction du psychisme, et de débordement de ses défenses par les excitations violentes afférentes à la survenue d’un événement agressant ou menaçant pour la vie ou l’intégrité (physique ou psychique) d’un individu, qui y est exposé comme victime, témoin ou acteur » (L. Crocq, 2014).

Ainsi, pour délimiter cette notion, nous pouvons définir le « stress », comme « la réaction réflexe, neurobiologique, physiologique et psychologique d’alarme, de mobilisation et de défense, de l’individu à une agression, une menace ou une situation inopinée ». (L. Crocq, 2014) Qu’en est-il dans les situations de stress extrême ? A quel moment pouvons-nous légitimement parler de traumatisme psychique ? Quels sont les processus et les enjeux psycho-dynamiques qui nous permettent de qualifier un événement de traumatique ?

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« Regard psychodynamique sur la différence entre STRESS & TRAUMA » , Julie Francols, psychologue clinicienne, spécialisée en psychotraumatologie. Praticienne Hypnose Ericksonienne. Praticienne EMDR. Responsable du cabinet de Psychotraumatologie et de Victimologie de Lyon (CPTV)