La pratique sportive : une source de bien être émotionnel chez les personnes atteintes d’anorexie mentale ?

FacebookXBlueskyLinkedInEmail

Une étude menée par les équipes de la Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale (CMME) apporte un nouvel éclairage dans la compréhension de l’anorexie mentale et de ses mécanismes. L’article a été publié en ligne le lundi 15 mars dans la revue scientifique de référence International Journal of Eating Disorders.

 Ce que l’on sait : L’anorexie mentale est un trouble psychiatrique très sévère qui touche jusqu’à 4% de la population. De plus, c’est la maladie mentale avec le plus fort taux de mortalité (1% des personnes atteintes en meurent chaque année). Les patients atteints de cette pathologie sont pris dans un cercle vicieux qui les entrainent dans une recherche maladive de restriction alimentaire qui a pour principale conséquence un amaigrissement sans fin. À ce jour, il n’existe pas de traitement pharmacologique spécifique pour lutter contre cette maladie. Les mécanismes neuronaux impliqués dans l’anorexie mentale sont encore mal compris.

Pour la première fois, l’équipe de recherche de la CMME a abordé la pathologie non pas par l’angle de la résistance à s’alimenter mais par sa conséquence, c’est-à-dire la perte active du poids et notamment celle liée à l’activité physique exercée par ces patients.
En effet, beaucoup de personnes malades développent une activité physique importante malgré leur insuffisance pondérale. L’objectif de cette étude est d’explorer à la fois les conséquences émotionnelles et cognitives (la perception de leur image corporelle) lors de la pratique sportive mais aussi de rechercher les endophénotypes de la pathologie (possible marqueur d’une participation génétique à la maladie) liées à l’exercice.

Méthode : Un test d’effort standardisé a été réalisé auprès de 88 patients atteints d’anorexie mentale, 30 apparents sains de patients ayant la pathologie et 89 témoins sains. Les critères suivants ont été évalués avant et après l’effort: émotions ressenties (positives / négatives), flexibilité mentale, distorsion de l’image corporelle.

Ce que l’on a découvert : Les équipes ont mis en évidence le lien direct entre la pratique d‘un effort physique standardisé (quel que soit le niveau de compétence physique) et l’augmentation de sensations émotionnelles positives chez les patients, qui n’est pas observé chez les contrôles sains.

Ce que cela change : Les résultats sont sans appel : l’effort physique provoque une augmentation des émotions positives uniquement chez les sujets souffrant d’anorexie mentale (renforcement positif) et chez les apparentés sains (trait de vulnérabilité familial).
En revanche, ils ont observé une augmentation modérée de la distorsion de l’image corporelle et une légère augmentation de la rigidité cognitive par rapport aux sujets sains. Ces observations se vérifient également chez les parents sains des personnes souffrant d’anorexie. Il s’agit là peut être d’un aspect clé de l’anorexie mentale non détecté auparavant. Le désir de faire de l’exercice physique constituerait donc un endophénotype de l’anorexie mentale, motivé par l’effet positif sur le bien-être émotionnel. L’exploration génétique de cet aspect de la pathologie semble représenter la prochaine étape logique.

Lien de la publication : Physical exercise?related endophenotypes in anorexia nervosa

N° 265 - Février 2022

Anorexie : actualités et perspectives

L’anorexie est une entité métabo-psychiatrique, multifactorielle, au carrefour du nutritionnel et du psychique. Les soins pluridisciplinaires sont indispensables, mais souvent difficiles à articuler. Les patientes, …

Plus d’informations

N° 262 - Novembre 2021

Activités physiques en psychiatrie

Les bénéfices d’une activité physique régulière sont aujourd’hui reconnus pour les personnes souffrant de troubles psychiques, en termes de rétablissement et de prévention des maladies …

Plus d’informations

N° 168 - Mai 2012

N°168 – MAI 2012

  Le viol du féminin  Trauma sexuel et figures de l’emprise PHILIPPE BESSOLES Étayé sur une longue pratique clinique et thérapeutique hospitalière et libérale, l’auteur rend compte d’une recherche …

Lire la suite