Annoncé fin décembre, le lancement au niveau national du Service téléphonique d'orientation et de prévention (STOP) pour les auteurs d'agressions sexuelles sur mineurs est effectif. Porté par la Fédération française des centre ressources pour intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (FFCRIAVS), après une année d'expérimentation, ce dispositif vise à prévenir les passages à l'acte et à mettre en place une offre de soins adaptée.
Le 0 806 23 10 63 est un numéro de téléphone unique et non surtaxé, national, destiné à l’évaluation et l’orientation si nécessaire des personnes attirées sexuellement par des enfants vers les dispositifs de soins adaptés. L’objectif est la prévention des violences sexuelles sur mineur et cible les personnes qui demandent une aide afin de ne pas passer à l’acte.
En pratique, suite à un message d’accueil, l’appelant est aiguillé vers un interlocuteur sur le département de résidence (ou de naissance, le cas échéant) qu’il aura renseigné en tapant le numéro sur son clavier. Les répondants sont les secrétaires et les évaluateurs sont des soignants des CRIAVS formés à cette mission.
1er bilan, chiffres clés :
• Nombre d’appels depuis novembre 2019 : 1060
• Nombre d’appelants : 336
• 25% des appels demeurent anonymes
• 74.9% des appels ont lieu pendant les horaires de bureau de 9h à 17h
• Forte baisse pendant le confinement de mars à mai 2020 et forte hausse après, ce qui correspond également à l’inclusion de nouveaux CRIAVS dans l’expérimentation.
L’exemple allemand
Ce type de dispositif existe déjà depuis plusieurs années dans d’autres pays, en Allemagne par exemple, où il a largement fait ses preuves en terme de prévention. Depuis 2005, le dispositif mis en place par l’équipe de l’hôpital de la Charité (Berlin), intitulé Dunkelfeld (champ sombre), cible des sujets présentant des symptômes pédophiles et/ou hébéphiles (attirance pour des sujets pubères en début d’adolescence). Cette campagne avait bénéficié du soutien du Ministère de la Justice, de plusieurs Universités (Berlin, Hambourg et Leipzig) et des œuvres privées ou fondations (Wolkswagen ou UBS Optimus Foundation). Une association de victimes siège au conseil d’administration du dispositif, qui s’est progressivement développé sur 10 autres structures en Allemagne.
Le dispositif Dunkelfeld s’est appuyé sur une campagne médiatique conséquente (spots tv à des heures de grande écoute, affiches…) associant des slogans efficaces (« aimez-vous les enfants plus qu’il ne le faudrait ? » « Que devrait-on faire d’un homme attiré par les enfants? …l’aider »).
En mars 2018, 9515 contacts téléphoniques ont été recensés, et ont donné lieu à 2894 évaluations et 1554 offres de thérapie. Le dispositif s’est également étoffé d’un site en ligne d’information et d’auto-diagnostic (www.troubled-desire. com) avec des conseils pour la gestion personnelle des symptômes. Cet outil d’auto-diagnostic a été traduit en français avec la collaboration de la FFCRIAVS sur sollicitation de l’équipe de la Charité, et sa mise en ligne en France est actuellement à l’étude. Des coopérations européennes sont envisagées à termes quant à la mise en commun de ressources cliniques et théoriques.
Un besoin identifié sur le terrain
Notons que les personnes attirées sexuellement par les enfants sont identifiés dans d’autres réseaux d’aide : SOS Amitié, L’Ange Bleu, demandes spontanées à chaque ouverture d’établissement spécialisé.
Voir la plaquette de présentation de STOP, En savoir plus sur le site de la FFCRIAVS
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