23/02/2021

Les épreuves du tiers demandeur

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Au fil de la maladie psychique de son parent, le tiers demandeur de soins traverse un parcours du combattant souvent traumatisant.

Invitée à s’exprimer à une journée d’études organisée en février par la Fédération française de psychiatrie (Fédépsychiatrie) intitulée « Du consentement en psychiatrie… entre idéal, éthique du soin et éthique du droit », Jocelyne Viateau, administratrice de l’Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) et radiologue, a déroulé « le parcours du combattant » du tiers demandeur de soins en amont de la crise et aux urgences. S’appuyant notamment sur le Baromètre 2020 de l’association, qui a recueilli les témoignages de plus 5 000 adhérents en juin dernier, elle a surtout voulu décliner les étapes de ce chemin particulièrement difficile, et rappeler les propositions de l’Unafam « qui ne sont pas nouvelles » pour une meilleure prise en charge de la crise.

Ce parcours commence par la rencontre avec la maladie mentale pour le tiers « débutant », qui repère de multiples symptômes sans trouver d’aide. Cette période « anxiogène » dure « en moyenne deux ans pour une schizophrénie, dix ans pour un trouble bipolaire ». Le tiers « expérimenté » « regarde la crise monter ». Il la voit « venir de loin, des semaines ou des mois à l’avance » mais son appel aux soignants reste lettre morte : «  On ne peut rien faire, votre proche est majeur, c’est à lui de nous appeler » voire « le mieux serait que la police finisse par nous l’amener ». A ce stade, c’est « l’angoisse, le sentiment d’impuissance et de désolation » qui prédominent, alors que des leviers efficaces existent pour la prévention (éducation thérapeutique du patient et psycho-éducation de la famille, plans de crise conjoints (1)…) puis la prise en charge de la crise. Au stade de l’urgence hospitalière, le tiers demandeur de soins se trouve alors confronté à des dispositifs d’urgence « complexes et mal identifiés » qui vont se renvoyer la « patate chaude ». J. Viateau souligne le sentiment d’injustice vécu par les proches, à qui on demande de recopier et de signer la demande de soins sous contrainte, pour ensuite les tenir à distance : « le tiers demandeur devient alors le tiers persécuteur ». Elle invite les professionnels à orienter les familles vers les associations et à considérer que les proches sont bien « dans le même bateau » que les soignants.

Difficultés du tiers demandeur de soins, J. Viateau, En savoir plus et voir les chiffres sur le powerpoint de l’intervention (en téléchargement). Voir aussi le Baromètre 2020 sur www.unafam.org. Voir aussi le programme de la journée sur https://fedepsychiatrie.fr

1– À lire sur ce sujet : Directives anticipées en psychiatrie, Santé mentale n°245, février 2020.