A l’EPSM du Gers, un projet d’équipe de référence de psychiatrie légale vise une meilleure articulation hôpital/police/justice.
En psychiatrie, comment appréhender les demandes comportant une dimension médico-légale ? Plus généralement, comment replacer la psychiatrie dans l’arsenal médico-judiciaire complexe ? Au sein de l’établissement public de santé mentale (EPSM) du département rural du Gers, le pôle de psychiatrie adulte s’est emparé de cette problématique en septembre 2019. Un groupe de travail pluridisciplinaire, réuni autour du Dr Aniko Sagodi, psychiatre, œuvre pour structurer une offre de soin spécifique et optimiser les relations partenariales.
Dans le contexte de la crise covid-19, une première mission de coordination EPSM/Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip), assurée par un infirmier, a vu le jour, liée notamment aux libérations anticipées de détenus s’accompagnant de mesures de soins pénalement ordonnés. Cette expérience, saluée très positivement de part et d’autre, a confirmé l’intérêt d’une articulation avec la justice. Une équipe de référence (un psychiatre, deux infirmiers, mi-temps de psychologue et tiers-temps d’assistant social), sera mise en place, avec l’aide du Fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie (FIOP). Le projet comporte les volets suivants :
– encadrement des soins psychiatriques en contexte médico-légal : les soins pénalement ordonnés et les soins sans consentement. Quel accès aux soins ? Quelle gestion de la crise en milieu rural ?
– développement des soins spécialisés ciblant, entre autres, les auteurs de violences sexuelles, de violences conjugales, la victimologie et la psychotraumatologie. L’objectif est de ne pas renoncer à développer certaines offres de soins malgré la limitation des moyens et du potentiel d’activité en milieu rural.
– formalisation d’un protocole hôpital-police-justice dans le but d’accompagner l’évolution médico-légale, en travaillant de manière transversale dans le strict respect du secret professionnel.
Ce projet ambitieux vise à enrichir l’offre de soins gersoise, à maintenir la psychiatrie dans son juste rôle, à faire preuve de pédagogie, hors réactivité médiatique. Il ouvre vers une réflexion éthique des soins, à l’aune de l’abandon de l’isolement et de la contention dans la psychiatrie du XXIe siècle. Son ambition est également de fidéliser les compétences au sein du service public et de préserver la motivation professionnelle.
• Contact : a.sagodi@ch-gers.fr et damg@ch-gers.fr.