Diminuer les dommages liés à l’alcool

FacebookTwitterLinkedInEmail

Alors que les Français restent parmi les premiers consommateurs d’alcool, les mesures efficaces de réduction des risques sont parfaitement connues au plan scientifique et recommandées au plan international. Autour du Fonds actions addictions, quatre experts présentent un rapport et un « plan alcool ». Communiqué.

Le 10 janvier 1991, la loi Evin relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme était publiée. Trente ans après, cette loi reste comme un des évènements les plus marquants de l’Histoire de la santé publique en France, à la fois par son courage et ses propositions dont certaines apparaissent d’autant plus pertinentes et visionnaires qu’elles font l’objet d’attaques incessantes par des lobbies qui promeuvent des produits à risques pour la santé.

Le fil conducteur de la loi est qu’on ne peut promouvoir des produits dangereux en particulier pour la jeunesse. Au service de cet objectif, la loi Evin contenait originellement des mesures dont la rationalité et la cohérence étaient à la fois remarquables et porteuses d’efficacité. C’est pour ces raisons mêmes que le lobby de l’alcool l’a combattue avec constance. En effet si l’industrie du tabac est totalement discréditée du fait de ses pratiques indéfendables, et si la cigarette dont les dangers sont tels qu’elle est devenue un produit impossible à promouvoir, l’alcool bénéficie encore d’une relative complaisance dans l’opinion.

Cependant les attaques contre la Loi Evin ne sont jamais menées à visage découvert, car il est évidemment difficile pour ses adversaires d’assumer une action qui vise à affaiblir une politique de santé, qui plus est une politique en faveur de la santé des jeunes. Le lobby de l’alcool, en particulier le lobby viticole, a réussi à grignoter la loi Evin au cours de ces 30 ans, mais ces manœuvres sont de plus en plus visibles et de moins en moins bien acceptées. En témoigne récemment la tentative heureusement avortée en Aout 2019 de remise en cause de l’interdiction du sponsoring sportif et culturel sous le prétexte fallacieux de soutenir le sport (en alcoolisant les jeunes !). Mais on peut aussi se féliciter du succès du Défi De Janvier qui repose sur le dynamisme associatif du fait de retrait de l’Etat sous pression du lobby alcoolier.

La consommation d’alcool, même si elle a baissé depuis 30 ans, se maintient à un niveau qui place les Français toujours en haut des podiums, avec les conséquences majeures en termes de mortalité, de morbidité et de dommages sociaux comme les violences.

Il est temps d’affronter avec vigueur la prévention des risques et des dommages liés à l’alcool. C’est pourquoi quatre experts, dont le regretté Pr Michel Reynaud, proposent aujourd’hui les bases d’un plan alcool basé sur l’état des connaissances scientifiques.

Il est possible de réduire les dommages liés à l’alcool dans notre pays. Il suffit d’avoir un courage politique à la hauteur de ceux qui ont élaboré la loi Evin en 1991.

Diminuer les dommages liés à l’alcool. C’est possible et on sait comment faire. B. Basset, A. Benyamina, M. Naasila, M. Reynaud. Voir le rapport, Lire les propositions
Rens. :  Amine Benyamina – Président – amine.benyamina@actions-addictions.org, et Bernard Basset – Vice-président – bernard.basset3@wanadoo.fr