Sur quels critères baser la sortie du confinement ?

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Le conseil scientifique Covid-19, chargé d'éclairer les décisions du pouvoir exécutif, rend public ses conclusions sur la sortie du confinement. Si ces stratégies post-confinement sont nécessaires, "la priorité demeure cependant la poursuite d’un confinement renforcé dans la durée". Le conseil précise que le mois d’avril sera très difficile pour le système de santé.

Sur quels critères baser la sortie du confinement ?
Tout d’abord, le Conseil scientifique tient à clarifier que la sortie du confinement ne signifie pas que toutes les mesures de contrôle contre covid19 seront levées. La sortie du confinement vise à remplacer le confinement par des stratégies de contrôle de l’épidémie plus facilement supportables et moins couteuses pour la société française. Ces mesures resteront néanmoins fortes. Elles seront amenées à évoluer en fonction de la situation épidémiologique et le cas échéant des avancées de la recherche. Un avis détaillant les stratégies de contrôle pouvant être considérées après le confinement paraîtra prochainement.
La sortie du confinement peut être décidée en considérant trois éléments distincts.
L’objectif à court terme du confinement était de soulager les services de réanimation français, en réduisant le nombre de formes graves nécessitant un séjour en service de réanimation. Avant d’envisager une sortie du confinement, le gouvernement devra s’assurer que l’objectif de l’intervention est atteint. Cette décision pourra être prise sur la base d’indicateurs épidémiologiques indiquant notamment que la saturation des services hospitaliers, et des services de réanimation en particulier, est jugulée. Les équipes de soignants devront également bénéficier d’une période suffisante pour récupérer de l’effort considérable fourni pendant les semaines qui viennent de s’écouler, et les stocks de matériel, traitements spécifiques à la réanimation, et équipement de protection devront être reconstitués.
Ensuite, le confinement devrait conduire à une réduction du nombre de cas Covid19 sur le territoire national. Idéalement, cette réduction devra être suffisamment importante pour que la détection des nouveaux cas de façon systématique redevienne possible. Ceci permettra de disposer de chiffres fiables sur la progression de l’épidémie en amont du risque de saturation du secteur hospitalier afin i) de détecter et contrer précocement les reprises de l’épidémie ; et ii) d’appliquer rapidement les mesures de contrôle auprès des cas et de leurs contacts.
Enfin, le gouvernement devra s’assurer que les éléments d’une stratégie post-confinement seront opérationnels, incluant notamment :
– le choix des mesures de distanciation sociale qui seront maintenues pendant la période de post-confinement ;
– la disponibilité des protections matérielles comme les gels hydro-alcooliques et les masques à l’usage des personnels soignants, des personnes en situation d’exposition au virus en priorité, puis à l’ensemble de la population, comme en Asie.
– des capacités hospitalières et de médecine de ville restaurées dans les régions qui ont été les plus touchées ;
– un système de surveillance épidémiologique opérationnel pour les indicateurs les plus sensibles comme le nombre de nouveaux cas sur le territoire national et dans les lieux à risque d’épidémie;
– des capacités de diagnostic rapide d’infection aiguë et de rendu des résultats aux patients avec transfert des données en temps réel aux systèmes de surveillance épidémiologique ;
– de nouveaux outils numériques permettant de renforcer l’efficacité du contrôle sanitaire de l’épidémie;
– des modalités d’isolement des cas et de leurs contacts adaptées au contexte personnel ;
– la protection des personnes vulnérables et susceptibles de faire des formes graves de la maladie ;
– la protection des populations les plus à risque d’épidémie du fait de leur situation d’habitat (ex : migrants, prisons, personnes en institution) ;
– Une politique de contrôle aux frontières ;
– Se rajouteront éventuellement des traitements efficaces contre le virus, ou à plus long terme un vaccin, qui pourraient bien entendu modifier considérablement ces stratégies. La participation de l’immunité collective au contrôle de l’épidémie n’est pour l’instant pas prise en compte, dans la mesure où elle est très vraisemblablement inférieure à 15%, y compris dans les zones les plus touchées par la première vague de l’épidémie.

Avis du Conseil scientifique COVID-19 2 avril 2020 – Etat des lieux du confinement et critères de sortie