Selon l'Observatoire de la souffrance au travail (OSAT), qui publie son bilan 2019, les idées suicidaires gagnent du terrain chez les médecins hospitaliers : elles concernent un quart des appelants, soit deux fois plus qu'en 2018.
L'observatoire de la souffrance au travail (Osat), porté par l'intersyndicale Action praticiens hôpital (APH) a dévoilé son bilan 2019, réalisé à partir de 57 fiches souffrance. Une grande majorité de ces déclarations (72%) ont eu lieu dans des CH, près d'un quart, 23%, dans les CHU. Seuls 4% émanent d'un établissement public de santé mentale (EPSM) et 2% d'un établissement de santé privé d'intérêt collectif (Espic)
Les professionnels en souffrance sont principalement des femmes (63%). L'âge médian des déclarants est de 48 ans. 77% d'entre eux ont un statut de praticien hospitalier temps plein. 2% ont en outre des fonctions universitaires. Un quart des déclarations émanent d'un praticien exerçant une fonction de chef de service ou de pôle. Plus de la moitié des déclarants, soit 58%, déclarent en outre cotiser à un syndicat.
Les résultats montrent qu'un large panel des spécialités est concerné par la souffrance au travail : 21 spécialités différentes sont recensées parmi les déclarants. En tête, l'anesthésie-réanimation puis la pharmacie et la médecine d'urgence. À noter également : le temps de travail médian des déclarants à temps plein est de 48 heures semaine. Par ailleurs, 9% confient avoir des addictions, aux tranquillisants pour une grande majorité.
Les résultats portent aussi sur le niveau de souffrance autodéclarée. Sur une échelle de 1 à 10, ce niveau est situé à 8, avec un danger « imminent » dans 60% des cas. Cette souffrance a pour conséquence, dans 77% des cas, des troubles du sommeil, mais aussi des troubles anxiodépressifs (65%) et des troubles alimentaires dans 40% des cas. La souffrance a entraîné un arrêt de travail de plus de deux semaines dans 26% des cas. Cette souffrance a aussi bon nombre de conséquences sur la vie personnelle des déclarants : des difficultés dans le couple sont relevées dans 26% des cas et avec les enfants pour 21% des déclarants. Un quart des appelants évoquent de plus des idées suicidaires, un chiffre qui a doublé par rapport à 2018.
Concernant les causes de cette souffrance, 63% des déclarants pointent la gouvernance, 53% une surcharge de travail, 49% un manque de personnels médicaux, 47% une présomption de harcèlement moral.
Pour rappel, l’Osat est une plateforme lancée en 2017, sur laquelle les personnels médicaux hospitaliers peuvent déclarer les situations individuelles de souffrance en lien avec leur vie professionnelle et ainsi recevoir une aide individuelle pour y faire face. Il s'agit aussi d'assurer une surveillance de type épidémiologique pour analyser les causes de cette souffrance.