Opioïdes : un horaire tardif influe sur la prescription

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Une vaste gamme de facteurs jouent un rôle dans la crise actuelle des opioïdes et une étude récente montre que les médecins sont plus susceptibles de prescrire des opioïdes plus tard dans la journée et lorsque les rendez-vous prennent du retard.

Selon cette recherche publiée dans le JAMA Network Open, il est de plus en plus reconnu que le taux croissant de prescription d'opioïdes au cours des trois dernières décennies a largement contribué à la crise nationale des troubles de l'usage des opioïdes et surdose. Si les généralistes comprennent bien les risques associés aux opioïdes, l'hypothése de cette recherche était que les pressions quotidiennes que subissent ces professionnels pourraient nuire à leur prise de décision. Les médecins qui traitent chaque jour un grand nombre de cas complexes risquent en effet de subir des pressions financières, des contraintes de temps et des pressions cognitives. Comme l'expliquent les auteurs, « le concept selon lequel les contraintes de temps peuvent guider la prise de décision par les médecins existe depuis longtemps », mais peu d'études ont examiné la question en détail. Les chercheurs ont notamment voulu étudier le calendrier des rendez-vous.

Pour enquêter, les scientifiques ont pris des données sur 678 319 rendez-vous de soins primaires. Tous les patients avaient rendu visite à leur médecin pour des affections douloureuses, que les chercheurs ont regroupées en cinq catégories. Il s’agissait des maux de tête, des maux de dos, des maladies des articulations, d’autres troubles musculo-squelettiques, dont la fibromyalgie, et d’autres syndromes douloureux. Aucun des patients n'avait reçu une ordonnance d'opioïdes au cours des 12 derniers mois. Pour leur analyse, les chercheurs ont regroupé les rendez-vous en groupes de trois, jusqu'à un maximum de 21 rendez-vous par jour. Ils ont rassemblé des informations sur le retard des rendez-vous par incréments de 10 minutes, par exemple entre 0 et 9 minutes de retard ou entre 10 et 19 minutes de retard.

Dans l'ensemble, les médecins ont prescrit des opioïdes lors de 4,7 % des rendez-vous. Comme prévu, lorsque l'équipe a plongé dans le timing et le retard des rendez-vous, il y a eu un effet. Bien que, comme le notent les auteurs, l'ampleur de l'effet n'était que  « modérée », elle était significative. Dans leurs conclusions, les chercheurs estiment qu'au fil des jours, les pressions exercées sur les médecins font en sorte qu'ils sont moins susceptibles de prendre des  « décisions difficiles, telles que le refus du traitement par opioïdes. »

  • Les médecins sont plus susceptibles de prescrire des opioïdes plus tard dans la journée, Actualités des addictions, n°102, Respaad.