Appel à communication : Musique et psychiatrie

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Co-organisé en février 2020 par la Haute Ecole de santé Vaud et la Haute Ecole de musique de  Lausanne, le colloque « Musique et psychiatrie : orchestrer la rencontre » souhaite réunir des chercheurs issus de différentes disciplines (psychologie, médecine, sociologie, anthropologie, histoire, ingénierie notamment) pour un partage d’expériences, de pratiques innovantes et de données de recherche autour de l’utilisation et de l’apport de la musique en contexte psychiatrique. Le comité scientifique lance un appel à communication.

Dans le contexte des soins en psychiatrie, le rôle et l’apport de la musique commencent à être étudiés, notamment dans une perspective médicale. Les recherches visant à documenter les effets de la musique sur des patients souffrant de différentes affections psychiques ont mis en évidence qu’au niveau physiologique, elle peut induire de la relaxation, diminuer la douleur ainsi que la pression sanguine et ralentir le rythme cardiaque et respiratoire (Lin et al., 2011). Au niveau neurologique, elle active différentes aires du cerveau et semble avoir un impact sur la cognition et la régulation émotionnelle (Morgan, 2010). Au niveau psychologique, elle peut contribuer à améliorer l’état de patients souffrant de dépression et de schizophrénie (Hsu & Lai, 2004). Chez les patients souffrant de démence, elle semble entraîner une réduction de l’agitation (Hicks-Moore & Robinson, 2008), de l’anxiété (Sung, Chang, & Lee, 2010), de la dépression (Raglio et al., 2015), ainsi qu’une augmentation de la qualité de vie (Raglio et al., 2015) et de la performance cognitive (Sarkamo et al., 2014).  
Toutes ces études attestent de la pertinence du recours à la musique dans le champ de la santé mentale. Cependant, elles reposent sur une conception essentialisante de la musique, dans le sens où, en toile de fond, elles cherchent à démontrer des vertus )inhérentes à son utilisation. Ce faisant, elles tirent des conclusions sur un effet intrinsèque de la musique en généralisant les effets observés dans des situations d’écoute particulières. Avec ce modus operandi,  les références aux situations d’écoute singulières dans lesquelles se trouvent impliqués les sujets sont rares, ce qui participe à construire l’idée d’un « stimulus musical » indépendant du contexte relationnel. Or, l’expérience musicale est complexe et dépend d’une série de facteurs qui interagissent entre eux : le cadre dans lequel le moment de réceptivité se déroule, l’ensemble des paramètres techniques liés à la diffusion de l’extrait musical, le choix de l’extrait musical lui-même, l’humeur et l’état émotionnel de l’écoutant, son état de santé, ainsi que ses connaissances et expériences musicales précédentes. Sur ce dernier point, il importe de préciser que chaque individu a une socialisation musicale différente, qui détermine notamment ses préférences musicales (Dollase, 2005) et son expertise dans la manière d’utiliser l’écoute musicale pour réguler son état émotionnel (De Nora, 1999, 2000, 2002 ; Gomart & Hennion, 1999) ou pour définir son identité.
De nombreuses questions se posent donc quant aux possibilités et modalités de la rencontre entre patients et musique. Comment orchestrer adéquatement cette rencontre et quel cadre imaginer? Quelle musique proposer ? Pour atteindre quels objectifs ? Quel est le rôle des équipes soignantes ? Quel impact l’écoute ou la pratique musicale a-t-elle sur les modalités de soins, les échanges et interactions entre patients et soignants, le vécu subjectif et le bien-être des uns et des autres ? Quelques interventions et études apportent une première réponse à certaines de ces questions (Balzani, Naudin, & Vion-Dury, 2014 ; Chlan et al., 1999 ; Gerdner, 1992 ; Güsewell et al., in press ; Lund, Bertelsen & Bonde, 2016 ; Topo, Mäki, Saarikalle, & Gilliard, 2004). Toutefois, de nombreux aspects restent à étudier.
Le colloque « Musique et psychiatrie : orchestrer la rencontre » souhaite réunir des chercheuses et des chercheurs issus de différentes disciplines (psychologie, médecine, sociologie, anthropologie, histoire, ingénierie notamment) ainsi que des professionnels de la santé ou de la musique afin de susciter et permettre le partage d’expériences, de pratiques innovantes et de données de recherche autour de l’utilisation et de l’apport de la musique en contexte psychiatrique.