N° 223 - Décembre 2017

Modèle comportemental et cognitif de l’addiction

Auteur(s) : Maurice Dematteis, neurologue, Pr de pharmacologie-addictologie, chef du service addictologie et Lucie Pennel, psychiatre, praticien hospitalier universitaireNbre de pages : 6
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Les théories neurobiologiques de l’addiction permettent de modéliser les perturbations associées aux différentes étapes du développement et de l’évolution des addictions. La compréhension des mécanismes doit être intégrée dans le contexte de vie d’un individu, et orienter la clinique.

L’addiction correspond à une modification durable du répertoire comportemental d’un sujet, caractérisée par une perte du contrôle,
un besoin impérieux (craving) et un usage compulsif du produit addictif, quelles que soient les conséquences sous peine d’une souffrance psychique voire
physique. Cette signature comportementale qui résulte d’apprentissages associatifs et d’altérations cognitivo-émotionnelles est applicable à toutes les addictions, y compris sans produit. Elle est sous-tendue par des atteintes fonctionnelles et structurales de neurocircuits impliqués dans la gestion des émotions et la mise en place des nouveaux comportements, c’est-à-dire dans les capacités d’adaptation de l’individu, impliquant la motivation, la flexibilité cognitive… En détournant ces circuits, les produits et comportements addictifs favorisent la répétition des usages et leur automatisation au détriment des autres domaines de la vie qui sont abandonnés ou non investis, avec envahissement de la sphère psychique et développement d’une souffrance psychique (état de stress chronique avec symptômes anxieux et dépressifs). On ne naît pas addict mais on le devient, d’autant plus facilement et précocement qu’il existe une vulnérabilité endogène, notamment psychiatrique. Si l’environnement est le facteur le plus important pour initier les consommations, les propriétés addictives des produits et des comportements ne s’expriment que chez certains individus. Véritable pathologie neuropsychiatrique chronique, la prise en charge d’une addiction ne se résume donc pas au sevrage, mais au changement du fonctionnement de l’individu, notamment en termes de capacités d’adaptation à son environnement et aux autres.

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