Sortir du « tout ECN » (Epreuves classantes nationales) pour une évaluation plus qualitative, en finir avec le bachotage théorique systématique, développer la simulation, permettre des parcours ouverts et personnalisés… : l'Association nationale des étudiants en médecine (ANEMF) formule ses propositions pour réformer le second cycle des études médicales.
L'ANEMF a lancé en août 2017 une concertation nationale auprès des jeunes internes sous la forme de groupes de travail, complétée par une enquête nationale en ligne qui a reçu près de 3 500 réponses. Des assemblées générales se sont aussi déroulées dans 32 des 37 facultés de médecine de France, en septembre et octobre. A l'issue de ce travail, l'ANEMF porte des propositions concrètes, dans le cadre de la concertation engagée par la mission gouvernementale pour repenser le second cycle, qui doit rendre son rapport mi-décembre.
Ces propositions visent une refonte totale de l'évaluation et de la formation. Elles prônent notamment la fin des épreuves classantes nationales (ECN), examen unique, qui nécessite bachotage et acquisation d'un corpus de connaissances « faramineux », et « polarise » tout le second cycle. Près de 64% des étudiants jugent ainsi que les connaissances demandées sont trop détaillées.
« Il faut sortir du critère unique, le classement unique n'a pas de sens, compte tenu de la diversité des spécialités. Il est plus adapté d'utiliser une approche qui soit multifactorielle », précise Yanis Merad, président de l'ANEMF. En remplacement, trois niveaux de compétence pourraient être évalués : les connaissances théoriques, mais aussi le niveau de compétences cliniques et relationnelles, et le projet professionnel et le parcours individuel de l'étudiant.
L'enquête démontre par ailleurs la forte demande d'une formation qui soit plus professionnalisante. 72,4% des étudiants jugent ne pas pouvoir s’investir en stage autant qu’ils le voudraient. « Il faut remettre la pratique au centre de la formation », résume Yanis Merad. Limiter les tâches administratives, intégrer l'étudiant à l'ensemble des missions médicales sont des pistes esquissées. L'ANEMF soutient l'apprentissage pratique par l'approche par compétence, via un portfolio en fil rouge des études. L'enseignement universitaire devrait également se projeter dans les territoires et « sortir des CHU » pour faire découvrir l'ensemble des modalités de pratiques aux étudiants et encourager une « orientation active » en valorisant la création d'un projet professionnel.
Avec ce travail et ses propositions, l’ANEMF réaffirme la volonté des étudiants en médecine d’être « acteurs de leur formation et de ses évolutions ».
- Grande concertation nationale sur les études nationales, ANEMF, novembre 2017, consulter le dossier de presse.