Suite à l'appel en février 2017 de leurs collègues du CH Le Vinatier, près de 70 praticiens hospitaliers du CH de Montfavet (Avignon) veulent s'associer à la démarche et lancer un cri d'alarme sur « la souffrance de la psychiatrie publique et l'épuisement moral et parfois physique du personnel ». Ci-dessous le texte de « L'appel des praticiens du CH de Montfavet, 19 avril 2017 »
L'appel de nos collègues du Centre Hospitalier du Vinatier, signé en février 2017, révèle avec tant de vérité la souffrance de la psychiatrie publique et l'épuisement moral (et parfois physique) du personnel médical et paramédical, que les praticiens du Centre Hospitalier de Montfavet souhaitent s'associer à cette démarche.
Nous voulons sensibiliser candidats et électeurs à ces réalités de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie publiques, absentes des débats citoyens et pourtant massivement sollicitées comme « expertes » dans l’analyse de tout désordre social.
Nous affirmons notre volonté de défendre nos pratiques hospitalières et nos valeurs cliniques. Nous refusons d'accepter avec défaitisme une situation présentée par nos instances tutélaires (dont l'Agence Régionale de Santé) comme « sans autre choix » qu'un appauvrissement programmé de l'hôpital public, au détriment systématique des patients et de notre déontologie.
Les contraintes budgétaires dans le domaine de la santé entrainent une rationalisation des tâches et du travail selon des logiques productivistes, mais qui s'avèrent en réalité improductives. Cette « tyrannie des économies comptables », dénoncée par nos collègues, maltraite les patients et le personnel qui les soigne.
Depuis 2007, au gré des différentes réformes des lois de santé, la psychiatrie adulte et infanto-juvénile est prise en étau entre des contraintes économiques, juridiques et sociétales croissantes et des attentes sanitaires de plus en plus exigeantes.
Entre réduction des effectifs soignants, multiplication des procédures administratives et médico-légales, mais par ailleurs augmentation exponentielle des demandes de soins psychiques dans le secteur public et uniformisation des outils psychothérapeutiques, comment tenir ?
« Faites plus avec moins », « Respectez la liberté des patients et contraignez les à se soigner », et encore combien d'autres injonctions paradoxales qui rendent « fous », patients comme soignants, nous obligeant à penser des pratiques vidées de leur sens.
Les conditions d'accueil se dégradent, la disponibilité des soignants est mise à mal, le cœur du soin psychique est « non valorisé » pour ne pas dire dévalorisé; ce sont les patients qui en paient le prix, mais aussi la société dans son ensemble.
Nous psychiatres, médecins, pharmaciens et internes du Centre Hospitalier de Montfavet réaffirmons notre engagement au service de la psychiatrie publique et notre attachement à une offre de soins psychiatriques de qualité, accessible à tous, dans des conditions décentes de travail.
Nous souhaitons partager cet appel avec les patients et associations qui les représentent car leur parole est essentielle, afin que les pouvoirs publics se donnent les moyens de leurs ambitions.