A quoi servent les programmes de réinsertion des détenus ?

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Docteur en criminologie, Philippe Bensimon a travaillé 27 ans dans le domaine carcéral dont 15 dans plusieurs pénitenciers canadiens, puis 12 en recherche opérationnelle au coeur même de l’appareil d’état canadien. Auteur d’une quarantaine d’articles et de sept livres, il enseigne à temps partiel à l’Université d’Ottawa depuis 1997 et à Montréal depuis 1999. Il présente aujourd'hui une réflexion sur les programmes de réinsertion des détenus, dénonçant les aveuglements d'un système inutile… 

Le Canada fait figure de modèle en Occident pour ce qui a trait aux programmes de réinsertion et de lutte contre la récidive. Aux dépens d’analyses criminologiques et psychologiques approfondies, aujourd’hui toutes deux reléguées au dernier rang, ces programmes correctionnels sont présentés comme la clé du succès face à la récidive. Il s’agit pourtant, et avant tout, d’une croyance reposant sur une vision naïve de la plasticité humaine. Or, et à ce jour, aucune enquête externe menée en toute indépendance n’a encore été produite quant à leurs coûts et bénéfices réels. Pire : la littérature scientifique fournit tous les éléments pour conclure que ces programmes comportementalistes n’ont pas d’efficacité globale sur une population carcérale composée souvent de criminels endurcis qui ont appris à répondre ce que l’intervenant veut entendre. Il serait beaucoup plus utile d’utiliser ces fonds publics pour donner aux détenus une véritable formation scolaire et professionnelle qui leur font si souvent défaut et qui leur seraient d’une aide bien plus sûre le jour où ces derniers décideraient réellement de se prendre en main.