Dans le cadre de la préparation de ces Journées d'automne le 2, 3 et 4 décembre 2016, la Société française de psychopathologie de l'expression et d'art-thérapie (SFPEAT) lance jusqu'au 4 juin un appel à communications sur le thème de l'Etranger.
Comme c’est étrange… – l’étranger convoque sur des plans très différents les pratiques cliniques, sociétales et artistiques et, avec elles, l’esthétique. Clinique d’abord, en partant de « L’inquiétante étrangeté » (1919) de Freud, jusqu’aux vécus de
dépersonnalisation et de déréalisation, en passant par la dissociation psychotique, le faux self des étatslimites ou la gêne névrotique. La bizarrerie des patients schizophrènes, leur fascination pour l‘insolite et l’ésotérique, le délire d’organes tout comme la clinique de la greffe nous permettront d’interroger sous de multiples points de vue ces parties, en apparence disparates et non intégrées, d’un moi qui ne devrait pas s’y trouver ou ne s’y retrouve pas. Aussi parle-t-on en médecine d’un « corps étranger ». Ce peut être soi-même qui vous semble étranger, celui que certains dessinent en arlequin morcelé dont ils disent « qu’il n’en fait qu’à sa tête », et d’où émane un vécu de non-moi teint de cette fameuse « inquiétante étrangeté » que produit un familier brisé.
Sur le plan sociétal, c’est, avec Levinas, l’accueil de l’étranger à qui on offre de l’eau, un repas et un gîte (par ex. les pèlerins se rendant à Compostelle). Mais c’est aussi l’autre, en bas de l’échelle sociale, que l’on offrait dans la Grèce ancienne comme bouc émissaire (le « pharmakos »), c’est la victime expiatoire chargée de tous les maux en vue de la sauvegarde du groupe. Et, bien sûr, les étrangers sont en première ligne dans notre plus brûlante actualité en souffrance.
La pratique artistique se nourrit, quant à elle, de l’étrangeté comme de son jumeau inversé. En quoi le beau, l’altérité ont-ils partie liés avec l’étrange, comment l’étranger a-t-il pu être visité dans des oeuvres phares telles celles du chorégraphe Jean-Claude Galotta à partir de « L’étranger » (1942) de Camus, Meursault n’étant pas comme les autres, même en étant « chez lui » ? Quelle frontière faut-il franchir pour que surgisse l’étranger ?
C’est à ces différentes questions – cliniques, sociétales, artistiques, thérapeutiques – que nous tenterons de répondre en mettant au travail, lors des ateliers et des intermèdes musicaux et théâtraux, les représentations de l’étranger dans les thérapies médiatisées.
En savoir plus sur le site de la SFPEAT, et auprès du Dr Ghislaine Reillanne, ghislaine.reillanne@wanadoo.fr