L’exposition au stress durant des périodes sensibles du développement, pendant l'enfance, pourrait modifier le fonctionnement de différents systèmes physiologiques et avoir des effets sur la santé à long terme. C'est ce que révèle l'étude menée par l'équipe Inserm de Cyrille Delpierre, chargé de recherche à l'Inserm et publiée dans PNAS.
Les adversités durant l’enfance peuvent se traduire par l'absence de soins, la dénutrition, les dysfonctionnements à la maison, la séparation d'avec leurs parents ou la vie en foyer, les maladies mentales et la consommation d'alcool dans la famille qui génèrent un stress pour l'enfant. Les chercheurs de l'Inserm ont examiné les données de 7 535 individus nés en Grande Bretagne en 1958 et ayant participé à l'enquête biomédicale à l'âge de 44 ans afin d'explorer le lien entre un stress subi pendant l'enfance et la mesure de l’usure physiologique globale par un indicateur : la charge allostatique (CA).
Les individus ayant été confrontés à plus de deux conditions psychosociales traumatiques ou stressantes dans l'environnement familial durant leur enfance, avaient une CA à 44 ans plus élevée que ceux n’ayant subi aucune adversité."Les expositions psychosociales précoces peuvent contribuer à une usure physiologique plus élevée, notamment à travers un faible statut socioéconomique, un IMC (Indice masse corporelle) élevé, et l’adoption des comportements à risque à l’âge adulte" explique Cyrille Delpierre, chargé de recherche à l'Inserm.
Cette usure diffère entre hommes et femmes. L’augmentation observée du score de CA était dans la plupart des cas associée à des comportements à risque (notamment le tabagisme), à un faible niveau d'éducation, et à un faible patrimoine chez les hommes. Chez les femmes, cette usure se traduit en plus par un IMC élevé.
Adverse childhood experiences and physiological wear-and-tear in midlife: Findings from the 1958 British birth cohort
Cristina Barboza Solís a,b,c,1,2, Michelle Kelly-Irving a,b,1, Romain Fantin a,b, Muriel Darnaudéry d, Jérôme Torrisani e, Thierry Lang a,b,f, and Cyrille Delpierre a,b
A INSERM, UMR1027, F-31000 Toulouse, France;
B Université Toulouse III Paul-Sabatier, UMR1027, F-31000 Toulouse, France;
C Universidad de Costa Rica, 2060 San José, Costa Rica;
D University of Bordeaux, INRA, UMR1286, F-33076 Bordeaux, France;
E INSERM, UMR1037, F-31432 Toulouse, France; and
F Département d’Epidémiologie, Hôpital Purpan, Centre Hospitalo-Universitaire Toulouse, F-31300 Toulouse, France
PNAS,www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.1417325112