Au risque de la sexualité infantile

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Les actes du colloque “Le sexe des anges ou tout ce que la protection de l’enfance a toujours voulu savoir…” organisé par le DERPAD en janvier 2013, sont en ligne !

1905. Année de la publication des trois essais sur la théorie sexuelle, par Freud. D’objet de témoignage, littéraire, artistique, qu’elle était, la sexualité infantile se fait objet de savoir. Et, aussitôt, de malentendus. C’est que la sexualité infantile est posée dans son articulation constitutive aux soins de l’autre- c’est-à-dire à ses demandes, à ses désirs -, mais non moins dans une radicale spécificité qui interdit de la rabattre sur une quelconque des manifestations de la sexualité de l’adulte. Au demeurant ne faudra-t-il pas à Freud lui-même se dégager d’un premier malentendu, et reconnaître derrière le traumatisme sexuel invoqué par ses patients, un fantasme deséduction.

Sommes-nous quittes pour autant ? Non. Car voilà que du malentendu, nous passons au risque, celui de méconnaître en quoi une séduction effective peut gravement porter atteinte à ce fantasme même et à sa dimension organisatrice du désir humain. Dès lors n’y aurait-il de risque que pour le seul soignant et son patient, quand le savoir sur la sexualité, parfois naïvement utilisé, ou incomplètement reçu, ou plus gravement remanié en exigence intrusive de connaître ou de montrer, porte ses conséquences dans tout l’espace social. Car parent de l’enfant ou son proche, faut-il, fort de la nouvelle audience donnée au sexuel, répondre aux questions de l’enfant par le vrai de l’éducation sexuelle précoce ? Et si oui, comment comprendre alors le maintien de ses théories sexuelles par l’enfant ?

Assistante maternelle ou familiale, faudrait-il réprimer toute érotisation ou manifestation de tendresse, alors même que leur activité a été initialement pensée en réaction à un trop grand anonymat de la prise en charge institutionnelle des enfants ? Educateur, comment dire la limite sans sacrifier l’écoute ? Enseignant de petite classe, comment résister à la dramatisation devant ce qui s’avèrerait une curiosité sexuelle passagère ? Professeur de collège ou de lycée, comment accueillir une confidence que l’on pressent, révélée, porteuse de séparation et de drame ? Magistrat, comment endosser ce rôle supposé d’ultime recours, distributeur du juste et de l’injuste, de la vérité et du mensonge ? Autant de questions dont la mise au travail se justifie de ce qu’elles engagent, au-delà des seules attributions de compétence du professionnel, son propre rapport au sexuel et sa responsabilité de sujet.

A télécharger gratuitement sur www.derpad.com