Etre adolescent aujourd’hui

FacebookXBlueskyLinkedInEmail

Depuis neuf ans, Ipsos-Santé réalise en exclusivité pour la Fondation Pfizer le baromètre « Bien-être Adolescents » et une étude regards croisés adolescents/adultes, où 800 jeunes âgés de 15 à 18 ans sont interrogés chaque année sur des questions de bien-être et de santé et où 800 adultes de plus de 25 ans donnent également leur avis. Les résultats ont été discutés entre autres au Forum Adolescences organisé par la Fondation Pfizer et ses deux partenaires, le Ministère de l’Education nationale et l’Inserm.

Cette année, les résultats révèlent que pour 51% des adolescents et 67% des adultes, la sexualité et plus généralement les changements du corps sont les principaux marqueurs de l’adolescence. L’âge adulte est, quant à lui, synonyme de responsabilités pour 70% des jeunes et 74% des aînés. Cette enquête annuelle a été réalisé entre autres auprès de 650 adolescents dans 33 lycées de 12 Académies volontaires entre décembre 2012 à février 2013 et dresse un état des lieux. 

Adolescents et adultes s’accordent sur l’âge d’entrée dans l’adolescence autour de 13-14 ans. En revanche, l’âge de sortie fait débat : les jeunes le placent à 19,9 ans alors que leurs aînés le fixent à 21,3 ans. Pour seulement 32% des adolescents et 15% des adultes, la majorité civile est un marqueur de la fin de cette période de transition.

Quels sont les identifiants de l’adolescence ? La sexualité est le principal marqueur pour 1 adolescent sur 2 et pour 2 adultes sur 3. « L’adolescent découvre la puissance sexuelle de son corps. Il découvre que la sexualité n’est pas adulte, n’est pas pour lui une vaine promesse, ni une rêverie » explique Olivier Douville, psychanalyste et anthropologue.

Les résultats de l’étude montrent également, qu’outre la sexualité et les changements du corps, l’adolescence est une période d’ouverture aux autres, au champ des possibles mais également une période d’ambivalence faite de liberté (pour 45% des adolescents), de projets (42%), d’expériences (39%), de difficultés (38%), contraintes (38%) et problèmes (36%).

« Les choix réalisés par les adolescents interrogés révèlent le flou et la complexité qu’est l’adolescence pour eux. On constate également que les marqueurs employés par les jeunes caractérisent essentiellement l’autonomie » analyse Laïla Idtaleb, Directrice Ipsos Santé. « A contrario, chez les adultes, les items qualifiant l’adolescence sont beaucoup plus clairs, avisés, marqueurs de difficultés et de problèmes avec la sexualité comme référent à chaque fois ». En effet, les aînés associent essentiellement la sexualité des plus jeunes aux notions de difficultés (35%), de problèmes (35%) et de risques (29%).

Les responsabilités (70% des adolescents et 74% des adultes), l’indépendance financière (respectivement 66% et 58%) et l’autonomie (42% et 39%) sont les trois piliers de l’âge adulte évoqués par les jeunes comme leurs aînés. Ce besoin de liberté, d’autonomie et d’affranchissement de l’autorité parentale explique que 29% des adolescents attendent avec hâte leur passage à l’âge adulte. Cependant, devenir adulte est majoritairement perçu par les adolescents comme un passage obligé (54% des adolescents). Enfin, près d’1 jeune sur 5 angoisse à l’idée de devenir adulte, surtout ceux qui manifestent des signes de mal-être (42% d’entre eux).

«S’ils baignent dans une ambiance pessimiste – leurs proches adultes tenant un discours relativement négatif – les adolescents peuvent être influencés. Les jeunes arrivent généralement à prendre du recul mais parfois pas tant que cela, et ils finissent par sélectionner et renforcer cette vision défaitiste » analyse le Professeur Philippe Jeammet. « Cependant, c’est une génération plus ouverte sur le monde, davantage dans les échanges, ce qui lui permet d’avoir une vision plus nuancée et moins manichéenne. Les adolescents font preuve d’un pragmatisme et d’un réalisme surprenant.»

Si 3 adolescents sur 4 estiment avoir des moments de passage à l’âge adulte peu différents ou comparables à ceux de leurs parents, 64% considèrent qu’ils sont très différents de ceux de leurs grands-parents. Ce hiatus générationnel s’observe en effet dans les résultats de l’étude Ipsos Santé / Fondation Pfizer¹. La jeune génération met en avant comme moments clés de l’âge adulte le départ du domicile familial (70%), le premier travail (64%) et la parentalité (61%). A ce triptyque logement/travail/parentalité répond celui des séniors, pour lesquels les principaux rites de passage à l’âge adulte sont le mariage / PACS (69%), le premier travail (69%) et le service militaire (69%). Les marqueurs du passage à l’âge adulte sont davantage individualisés chez les jeunes que chez les séniors, où ils sont plus institutionnels.

« L’entrée dans l’âge adulte n’est plus un rite mais un seuil. Le rite de passage est un dispositif culturel très sophistiqué et collectif ; le seuil est un infléchissement marqué par deux étapes : l’entrée dans la vie professionnelle stable et l’entrée dans la vie de famille autonome » explique le philosophe Pierre-Henri Tavoillot. « Chaque individu détermine ses seuils. Ce sera à chaque fois une expérience particulière, comme la naissance du premier enfant, le premier bulletin de paie, un séjour à l’étranger… C’est toujours une expérience individuelle.»

83% des adolescents plébiscitent l’accompagnement de leurs aînés pour devenir adulte (92% des adultes en ont conscience). « Les adolescents sont en attente d’autorité vis-à-vis des adultes qui sont un miroir de références, mais cette autorité ne doit pas leur être imposée » affirme le Professeur Philippe Jeammet. « Les jeunes ont besoin des adultes pour qu’ils les informent sur l’avenir, leur montrent des perspectives, les aident à découvrir leur potentialité. »

  • En savoir plus sur le site de l'Inserm, www.inserm.fr
  • « Regards croisés des adolescents, des adultes et des séniors », Enquête Ipsos, à télécharger sur le site de la fondation Pfizer, www.fondation-pfizer.org