L’ennui à l’hôpital psychiatrique

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SOCIOTHÉRAPIE. Le Rapport annuel 2009 du Contrôleur générale des lieux de privation de liberté est paru. Il souligne, entre autres, le peu d’activités proposées aux patients hospitalisés sous contrainte.

Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, vient de rendre public son deuxième rapport annuel. Un constat global, qui au-delà des lieux, s’intéresse bien plus à l’état des personnes, avec cette question : « Quel est donc, à l’orée de 2010 en France, l’état des personnes privées de liberté ? ». La réponse est amère : « Il revient donc au contrôleur général d’affirmer que les personnes sortent rarement de ces lieux autrement que brisées ou révoltées… ». En ce qui concerne plus précisément les 21 établissements (services hospitaliers et de santé) visités en 2009 : « Un grand nombre de patients passent la majeure partie de leur journée passifs devant la télévision… » L’offre d’activités est très variables selons les lieux de «captivité». Si quelques unités s’efforcent d’offrir des animations, celles-ci se résument le plus souvent à des jeux de société, de cartes ou du baby-foot. Quelques exceptions notables dans les établissements visités : le CHS de Clermont-Ferrand propose un atelier de peinture animé par une art-thérapeute et une chorale, le CHS d’Étampes organise musicothérapie, jardinage, modelage, création artistique et atelier de cuisine et les Unités pour malades difficiles (UMD) dans lesquelles les activités occupationnelles ou thérapeutiques sont bien intégrées à la vie de l’établissement. Quelques bibliothéques… dans lesquelles une minorité de patients ont le droit de se rendre, une cafétéria dans trois établissements sur quatre… avec un accès refusé aux patients hospitalisés sous contrainte. Bref, la seule activité commune est le plus souvent la salle de télévision, et « les patients ont à maintes reprises exprimé aux contrôleurs qu’ils s’ennuient ». Pourtant, souligne ce dernier, les locaux et le matériel existent, mettant en cause «le manque de personnel spécialisé. » Les soignants se plaignent du manque de temps et de n’avoir pas reçu de formation spécifique, ils sont favorables au recrutement d’ergothérapeutes ou d’animateurs. Les médecins, quant à eux, « ne considéreraient ces activités que comme des occupations et ne les valoriseraient pas dans le projet thérapeutique ». Les contrôleurs listent d’autres pratiques problématiques chez les détenus hospitalisés, concernant la gestion de l’interdiction de fumer, les procédures d’extraction toujours dénoncées, et la limitation de la suspension de peine pour raison médicale.

Le rapport 2009 sera disponible en ligne, à l’adresse : http://www.cglpl.fr