L’initiative revient à François Fillon, à l’automne 2009. En pleine polémique sur les suicides chez France Telecom, le Premier ministre avait commandé un rapport sur le stress au travail. Un dirigeant d’entreprise, un syndicaliste CGT et une directrice des ressources humaines ont donc remis leur rapport intitulé « Bien-être et efficacité au travail » au Premier ministre le 17 février dernier. « Il ne s’agit pas d’un
rapport d’experts mais de praticiens, précisent les auteurs. C’est ce que voulait le Premier ministre : que nous lui fassions des propositions concrètes, crédibles et applicables ».
• Basé sur plusieurs mois de rencontre avec des professionnels du secteur privé (patrons, syndicats, scientifiques), le document recense « 10 propositions pour améliorer la santé psychologique au travail » et décline, dans les différents aspects de la vie en entreprise, l’idée selon laquelle « la valeur d’une structure est celle des hommes qui la composent » avec une conviction commune : « celle que le sujet de la santé au travail réconcilie le social et l’économique ».
• Si la première mesure illustre bien l’esprit général du rapport selon laquelle « l’évaluation de la performance doit intégrer le facteur humain, et donc la santé des salariés », l’éventail des propositions concerne également l’accompagnement des salariés (du développement des espaces de discussion à celui du rôle des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) et la création d’outils de mesure des conditions de santé et de sécurité au travail. Les auteurs préconisent notamment la réalisation « d’une étude d’impact humain » avant toute réorganisation majeure de l’entreprise, pour en évaluer les conséquences psychiques et sociales sur les salariés.
• Autres propositions, plus novatrices, celles qui soulignent la responsabilité des dirigeants (managers de proximité, de la direction générale ou du conseil d’administration…). « Il ne peut y avoir de santé au travail sans vrais managers, affirment les rapporteurs, il faut donc que les enseignements des grandes écoles de commerce et d’ingénieurs soient réformés pour que les jeunes managers reçoivent une formation à la responsabilité sociale et au management d’équipes ». Le rapport estime par ailleurs nécessaire « la valorisation collective de la performance » en introduisant dans la rémunération variable des managers « des critères collectifs et pas seulement individuels ».
• Les rapporteurs demandent également que les sociétés de plus de 50 salariés prévoient « un bilan et un plan d’action annuels sur les risques psychosociaux ». Enfin, si les auteurs se sont centrés sur les entreprises privées, ils estiment néanmoins nécessaire un travail similaire dans le secteur public. Ce rapport va désormais être débattu au sein du Conseil d’orientation sur les conditions de travail et il contribuera au futur Plan social santé travail 2010-2014.
■« Bien être et efficacité au travail », Henri Lachmann, Christian Larose, Muriel Pénicaud, rapport disponible sur www.travail-solidarite.gouv.fr