La santé des personnes « sans chez soi »

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SANTÉ PUBLIQUE. À la demande de Roselyne Bachelot-Narquin, le psychiatre Vincent Girard a été chargé d’élaborer des propositions pour améliorer les parcours de soins et de vie des personnes sans-abri.

L’investissement français consacré à la lutte contre le « sans-abrisme » par l’État est parmi les plus importants en Europe mais les résultats obtenus sont décevants comparativement aux autres pays européens, confirme la Cour des comptes qui souligne la nécessité d’évaluer ces politiques. Avec 13% de la population française qui craint de se retrouver un jour sans abri, la France se situe au 3e rang des pays européens sur cette question, juste après la Lituanie et la Lettonie. Des explications structurelles comme l’emploi (82 %) ou le prix des logements (40 %) sont mises en avant par une majorité de Français. Les personnes privées de domicile personnel, appelées encore « sans-abri », « grand exclus » ou « gens de rien » seraient en France plus de 600 000. Les acteurs de terrain et tous les spécialistes oeuvrant dans ce champ affirment que depuis au moins 10-15 ans l’état de santé des personnes sans abris est catastrophique (espérance de vie de 30 à 35 ans inférieure à la population générale, qualité de vie dégradée, violences psychosociales, physiques et sexuelles, mauvais accès aux soins…).Ils peuvent être soumis à des discriminations allant même jusqu’à un refus de soins de la part des professionnels.
Globalement, l’organisation des soins n’est pas adaptée aux réalités de la vie dans la rue de ces personnes qui vont avoir recours aux soins hospitaliers essentiellement via les urgences lors d’épisodes aigus sur la voie publique (accidents, crises comitiales…). La prise en charge des problématiques sanitaires (et de logement) des personnes sans chez soi apparaît donc comme emblématique des limites et de l’émiettement des politiques et programmes de lutte contre l’exclusion au sens plus général. L’objectif général des recommandations de ce rapport peut donc se résumer d’une phrase : « plus de personnes malades à la rue ». Pour ce faire, cinq axes sont privilégiés : le décloisonnement des politiques sanitaires ; la coordination des accompagnements somatiques, psychiatriques et sociaux ; le développement de nouvelles pratiques professionnelles ; l’hébergement et la réinsertion ; la promotion de la recherche et l’évaluation.
En ce qui concerne les soins psychiatriques, les rapporteurs préconisent notamment la production de guides de bonnes pratiques pour l’accompagnement des personnes sans chez soi, en proposant, par exemple, des règles simples et effectives de sectorisation privilégiant la proximité. Ils souhaitent également la définition et la contractualisation de l’articulation entre les urgences psychiatriques, les urgences générales et les équipes de soins de proximité.
Roselyne Bachelot-Narquin a demandé en outre la désignation d’un référent national « lutte contre l’exclusion » dans chaque Agence Régionale de Santé (ARS) et a décidé de nommer un référent « Santé,
fragilité sociale et précarité » au sein même du ministère de la Santé. Rappelons enfin que les Programmes Régionaux d’Accès à la Prévention et aux Soins (PRAPS) sont confirmés et renforcés par la loi « Hôpital, patients, santé et territoires » de juillet 2009 et que depuis 2005, 92 équipes mobiles « Psychiatrie santé » et des permanences d’accès aux soins de psychiatrie ont été instaurés en faveur des Français les plus fragiles.

■ La santé des personnes sans chez soi. Plaidoyer et propositions pour un accompagnement des personnes à un rétablissement social et citoyen, rapport des docteurs Vincent Girard, Pascale Estecahandy, Pierre Chauvin remis à Roselyne Bachelot-Narquin le 8 janvier 2010 ; www.sante-sports.gouv