Colloque organisé par l’Institut français d’analyse de groupe et de psychodrame (IFAGP)
Notre modernité, telle qu’elle est advenue, nous a fait rompre avec l’évidence du Sens qui était le propre des sociétés de Tradition, a entraîné, comme a pu le dire Claude Lefort “une dissolution des repères de la certitude”. L’avenir qui, dans un premier temps de la modernité, pouvait être dépeint sous les traits d’un inquestionnable progrès, s’est fait plus incertain; et cependant, notre monde s’est considérablement élargi, nos possibilités d’avoir une vie intéressante se sont multipliées. Il va dorénavant de soi, comme il en fut pour nous, que toute génération qui vient, s’émancipera de celle qui l’a précédée, laquelle l’aura éduquée. Car on ne peut faire autrement que de commencer dans la vie comme un enfant dont des adultes ont la charge, le temps de sa croissance.
Lors de notre dernier colloque, consacré à l’originalité du psychodrame, il est apparu que, dans les groupes, les enfants avaient bien du mal à s’en tenir à la parole, pour eux le jeu prime sur tout. A l’opposé, dans un groupe d’adultes, dont il fut fait récit, ceux-ci étaient réticents à s’abandonner au jeu, désarçonnant les thérapeutes de groupe qui en avaient fait l’offre. Que dire aussi de cette catégorie étrange, les “pré-ados”, dans l’imminence ou dans l’attente de basculer dans l’âge d’après, à cheval sur deux âges ou temps de la vie, déjà propulsés, et peut-être trop tôt dans ce dont ils n’ont pas encore les titres ?
Que s’était -il donc passé d’un âge à l’autre qui configurait les choses ainsi, qu’est-ce qui change dans ce décisif processus, invention de la modernité, qu’on appelle l’adolescence, naissance à soi-même et au social mais aussi adieu à l’enfance, et que veut dire “devenir adulte” ?
Les différentes scènes groupales peuvent nous en montrer quelque chose, et les groupes thérapeutiques tout particulièrement qui, menés analytiquement, nous permettent la “descente en singularité” qui fait tout l’intérêt des pratiques du champ psychanalytique.
Outre les soins et le soulagement que ces dernières apportent, elles nous renseignent sur la façon dont on se fait fils ou fille de son époque, et se dispose à y contribuer. Cet intérêt pour ces processus de transformation, pour ce cheminement qui fait d’un enfant un adulte, vaut bien qu’il soit rendu compte de nos pratiques de groupe et de psychodrame, tant avec des enfants qu’avec des ados ou encore des adultes. Et l’on gardera en tête que la dynamique de transformation qui opère avec la crise adolescente (et son élaboration) est une sorte de modèle du changement qu’on trouvera à l’œuvre, y compris, dans les groupes de formation…
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