8es Journées Du corps à la rencontre organisées par la Fédération française anorexie boulimie (FFAB)
La peau enveloppe le corps. Elle n’est pas simplement un contenant physique des viscères, des muscles et du squelette, elle est aussi un contenant psychique structurel et fonctionnel qui s’élabore dans les premiers stades du développement de l’enfant, à partir d’interactions précoces mère-nourrisson (Anzieu). La peau est
aussi une surface d’échanges avec l’environnement que complètent la vue, l’ouïe, le goût et l’olfaction, pour nous permettre d’aller à l’aventure du monde. Encore faut-il avoir acquis une sécurité intérieure suffisante.
Les troubles des conduites alimentaires s’originent à une insécurité profonde qui s’exprime par une mise à mal du corps d’autant plus violente qu’elle s’enracine à une époque lointaine, archaïque, autour de la périnatalité, voire de la période intra-utérine, ou que le sujet a vécu au cours de son développement des traumatismes répétés qui l’ont altéré.
« Mon enfance est une page blanche », nous disent beaucoup de nos patients qui, pour éviter de se confronter à l’émergence d’émotions ingérables liées à ces traumatismes, évitent de se souvenir.
De nos souvenirs, heureux ou malheureux, il en demeure cependant une trace psychocorporelle, c’est-à-dire une trace qui s’inscrit à la fois dans une mémoire de l’esprit, souvent refoulée et dans une mémoire corporelle qui peut être réveillée.
Dans les sociétés traditionnelles, à composante communautaire, le corps est le relieur de l’énergie collective. A travers lui, chaque individu est inclus au sein du groupe.
L’isolement au sein des sociétés occidentales témoigne d’une trame sociale où l’homme est coupé du cosmos, des autres, de lui-même. Il traduit la clôture du sujet sur soi.
Le rapport que nous entretenons à la nourriture et au sport et a fortiori des troubles des conduites alimentaires, tels que l’anorexie mentale, la boulimie ou l’hyperphagie qui en dérivent, fait écho à ce mouvement autocentré qui coupe ces individus en souffrance des autres et leur ôte le sens même de la vie.
Abandonner le trouble des conduites alimentaires nécessite d’inventer un avenir qui engagera le sujet dans un projet collectif qui le reliera aux autres, à environnement son proche, à la terre, à la nature…
Si la peau est une interface entre soi et le monde qui parfois isole, l’art et la culture sont les portes ouvertes sur ce monde qui invitent au voyage et nous affranchissent de notre prison intérieure.
Rens. : www.ffab.fr