19es Journées organisées par l’Association Isadora
Les deux années écoulées n’ont fait qu’aiguiser un peu plus la pertinence de la thématique que l’équipe d’Isadora avait choisie pour ses dernières journées. Les rencontres de 2022 la reprennent cependant un peu différemment.
Il nous semble opportun d’insister un peu plus sur le versant d’abandon de la retenue et nous sommes ainsi passés du « Sans Complexe » au « Décomplexés ». De nos jours, la civilisation ferait-elle moins barrage à la barbarie ? C’est cette évolution que nous aimerions cerner au mieux.
Passer à l’acte, aller droit au but, se débarrasser des entraves, éviter les ater-moiements, revendiquer des convictions, sont des qualités de « l’homme d’ac-tion » mais peuvent également déguiser un écervelé́ ou une grave entourloupe.
Le complexé est perçu comme un looser, inhibé, versatile, qui n’a pas opéré́ le bon virage, qui n’a notamment pas réussi à se libérer de ses chaînes. Il est à l’opposé du bon communiquant, déterminé́, « droit dans ses bottes », perfor-mant.
La sémiologie psychiatrique différencie nettement la honte de la vergogne : la première, paralysante, maladive et du domaine de l’emprise, la seconde, instil-lant le respect de l’autre et de soi-même. Mais comment appréhender les choses si peu importe la vérité́, si la valeur recherchée s’échelonne dans l’affir-mation de soi et l’attrait charismatique ?
Nous sommes de plus en plus souvent affligés, dans de nombreux domaines jusque et y compris « scientifiques », de la teneur de certains propos, de la piètre qualité́ des arguments, de la violence de pseudo-théories, de l’obscénité́ assumée. Le ton l’emporte sur le fond et légitime des passages en force délétères. L’indécence a pignon sur rue.
Alors ? Des verrous ont-ils sauté ou s’agit-il d’un nouvel impératif ? L’espace est-il encore commun, partageable ou du registre guerrier, de l’incompatible ? Quelles en sont les conséquences sur les soins que nous prodiguons, sur nos institutions, sur le mode de nos échanges, sur la fonction « tierce »?
Nous vous proposons de re-mettre ensemble cette question au travail… avec lucidité.
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