
Acheter un article

C’est au cadre de soin de s’adapter à l’individu et non l’inverse. Mais au-delà des grands principes, transformer les pratiques et les attitudes professionnelles, et intégrer les usagers aux décisions ne va pas de soi. Expérience du pôle de psychiatrie lillois.
Fréquemment rencontrée en psychiatrie, la paranoïa constitue un défi pour les équipes soignantes, à la fois
sur le plan diagnostic, thérapeutique et médico-légal. Repères sur l’histoire du concept, les formes cliniques et les « pièges » à éviter.
Comprendre les rouages de la pensée du sujet paranoïaque permet d’éviter de s’enliser dans un face-à-face stérile. Ainsi, vouloir « prouver » au patient qu’il délire en le confrontant à la réalité est aussi improductif que dangereux pour la relation de soin.
Le paranoïa représente et incarne un réel risque de passage à l’acte violent. Le soignant confronté à ce type de problématique doit bien connaître cette clinique particulière et évaluer de manière pertinente et précoce les facteurs de risque.
En pratique clinique, il peut être aussi difficile qu’inutile d’établir une limite rigide entre paranoïa et schizophrénie. Chaque situation est singulière, mais l’expérience permet d’anticiper certaines questions.
La cinquantaine, Bertrand, un patient paranoïaque, arrive à l’Unité pour malades difficiles (UMD), précédé d’une réputation de grande dangerosité. Comment créer des liens et construire une relation de confiance dans un tel contexte d’hostilité aux soins ?
Avec des individus considérés comme « paranoïaques », une approche constructive consiste à encourager leur méfiance, afin qu’ils développent de nouvelles stratégies relationnelles pour sortir du cercle vicieux dans lequel ils s’enferrent.
Non seulement le harcèlement est le chef-d’oeuvre du paranoïaque, mais la contagion délirante agissant sous son impulsion dégrade la santé mentale de tous les membres du groupe harceleur.
Le délire paranoïaque a la particularité d’être contagieux… Dans ce contexte, les mécanismes psychiques à l’oeuvre sont notamment la collusion entre le noyau mélancolique du paranoïaque et les traces de deuil pathologique non résolu chez le « paranoïé ».
Au carrefour du délire, de l’idéologie et de la foi, les théories complotistes peuvent paraître proches de la paranoïa. L’éclairage psychanalytique permet de penser leurs mobiles inconscients et de montrer leurs différences.