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L’arrivée de Paul-Eudes, 15 ans, un « caïd » aux mensurations impressionnantes, suscite bien des appréhensions dans l’unité d’hospitalisations pour enfants et adolescents. L’équipe soignante progresse avec prudence vers une alliance qui ne le fasse ni fuir ni attaquer.
Longtemps considérée comme le coeur des soins infirmiers, la relation avec le patient doit aujourd’hui s’adapter et se
reconfigurer. Recension rapide des écrits et perspectives d’évolution.
Le tiers, par un acte de relation qu’on peut nommer alliance thérapeutique, donne « de son temps » mais plus encore sa
temporalité pour inscrire l’individu dément dans une continuité d’être et reconstruire sa dignité.
Condition nécessaire pour toutes psychothérapies, l’alliance thérapeutique reste un lien complexe à engager et à définir. Elle peut être pensée suivant deux formes paradigmatiques, le contrat et le pacte, la première pouvant mener à la seconde.
Les patients borderline ont souvent tendance à malmener le thérapeute, suscitant chez lui des sentiments d’impuissance, d’agacement voire d’hostilité. Une dimension ludique peut
malgré tout permettre de partager des affects d’une rare intensité et contenir des mouvements pulsionnels enragés.
L’alliance thérapeutique constitue un équilibre acquis sur le fond d’une double inégalité, celle du pouvoir et du dévouement. Cette conquête nécessaire, merveilleuse et fragile, fait que le
dévouement ne devient pas servitude et que la compétence ne devient pas domination.
Quel est le degré de régression souhaitable et supportable pour un sujet âgé ? Quand le soutien de sa dépendance risque-t-il de devenir un obstacle au retour de sa maturité ? À quel moment le soignant se trouve-t-il du côté de la réorganisation, de la liaison et de la vie ou de la désorganisation, de la division et de la mort ?…
Victime peu à peu d’un processus neurodégénératif, le sujet âgé dément garde néanmoins des ressources de compensation. Il faut alors mettre en oeuvre les modalités d’accompagnement de ce parcours régressif.
Plutôt qu’un sujet « retombé en enfance », l’âgé est aux prises avec son enfance qui lui « retombe » dessus. Reste à l’aider pour qu’il n’en soit pas écrasé, car ce qui fait retour est souffrant et doit être intégré psychiquement.
Les mouvements régressifs sont constants dans les institutions pour personnes âgées, et concernent autant les patients que les soignants. Dans cette communauté, chacun est appelé à regarder les effets du vivre et chacun s’en défend. La régression peut alors faire refuge.