Le CH Gérard Marchant se mobilise pour réduire la contention

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La contention physique, outil thérapeutique ou mesure de protection ? Grâce à la thèse réalisée par le Docteur Raphaël CARRE, médecin psychiatre au Centre hospitalier Gérard Marchant à Toulouse, l’hôpital interroge les pratiques médicales et soignantes autour de la contention physique.


Si la contention physique est une pratique fréquente en psychiatrie, elle reste très peu abordée dans la littérature scientifique. Les rares études sur le sujet ne permettent pas de prouver son efficacité thérapeutique et mettent l’accent sur ses nombreux effets secondaires. C’est ce constat qui a poussé Raphaël Carré, interne en psychiatrie au CH, à dédier sa thèse à l’étude du vécu des patients face à cette procédure.
Pour le Docteur Anne-Hélène Moncany, psychiatre au CH et directrice de la thèse, tout l’intérêt de ces travaux réside dans le choix de M. Carré, de s’intéresser d’abord aux ressentis et expériences des patients « loin du corpus théorique autour de la contention physique, c’est le vécu de la personne qui va conditionner la prise en charge future. Le travail du Dr Carré m’a immédiatement intéressée car il permettait d’identifier ces détails qui permettent de rendre la contention physique moins insupportable lorsqu’elle est strictement nécessaire. Ce sont ces applications concrètes et rapidement transposables dans les pratiques qui font toute la valeur d’un travail de thèse médical. »

Un vécu essentiellement négatif
Des entretiens semi-directifs ont été réalisés, en 2014, auprès de 29 patients afin d’évaluer leur vécu vis à vis de leur expérience de la contention physique. La trame de l’entretien permettait au patient de décrire son ressenti sur trois grands temps de la procédure :
1. la situation ayant conduit à la contention physique puis à la mise sous contentions en elle-même ;
2. le vécu tout au long du maintien sous contentions ;
3. la description des rapports avec l’équipe soignante tout au long de la procédure.
Il en ressort un vécu essentiellement négatif pour le patient. Les thèmes d’agressivité et de violence, d’impuissance et de dépendance, de punition et de sanction, de déshumanisation sont récurrents dans le discours des patients inclus dans cette étude.

Un constat qui ne restera pas lettre morte
Le Centre hospitalier s’est saisi de cette étude pour proposer des améliorations à la mise en place de la contention physique, ainsi que des alternatives en vue de limiter au maximum sa pratique. Des sessions de formation s’adressant à l’ensemble du personnel médical et soignant ont été mises en place afin de permettre de questionner collectivement les pratiques sur le sujet : contexte clinique, abord éthique et théorique, améliorations et alternatives possibles de sa pratique.

Source : Carre, Raphaël (2014) Contention physique : revue de la littérature et étude qualitative du vécu des patients. Thèse d'exercice en Médecine spécialisée, Université Toulouse III – Paul Sabatier.