La prévalence des troubles anxieux reste élevée au sein de la population générale (12,5 %). Les facteurs associés communs aux deux sexes, sont une situation financière juste ou difficile, un niveau d’éducation inférieur au baccalauréat, ainsi que la présence de comorbidités dépressives et de pensées suicidaires.
Introduction – Les troubles anxieux figurent parmi les troubles mentaux les plus fréquents dans le monde. La pandémie de Covid-19 a eu un impact majeur sur la santé mentale des populations en France et à l’international. Dans ce contexte, cette étude vise à estimer la prévalence des états anxieux dans la population générale adulte en France hexagonale en 2021, à identifier les facteurs qui leur sont associés et à analyser les évolutions observées depuis 2017. Elle teste notamment l’hypothèse selon laquelle les états anxieux auraient pu augmenter à la suite de la crise sanitaire, comme cela a été observé pour les épisodes dépressifs caractérisés.
Méthode – Les données sont issues du Baromètre de Santé publique France, enquête déclarative menée par téléphone, selon un sondage aléatoire, auprès de 4 829 personnes âgées de 18 à 85 ans en 2021 et de 6 413 personnes âgées de 18 à 75 ans en 2017. La présence d’un état anxieux a été évaluée à partir de la sous- échelle anxiété de la « Hospital Anxiety and Depression scale » (HAD-A). L’analyse des évolutions entre 2017 et 2021 a été restreinte à la population des 18-75 ans.
Résultats – En 2021, 12,5% des personnes âgées de 18 à 85 ans présentaient un état anxieux au moment de l’enquête (score strictement supérieur à 10 sur la sous-échelle HAD-A), avec une prévalence trois fois plus élevée chez les femmes (18,2%) que chez les hommes (6,4%). Entre 2017 et 2021, la prévalence des états anxieux est restée stable chez les 18-75 ans, quels que soient le sexe, l’âge (sauf la tranche des 65-75 ans), le niveau d’éducation, la situation professionnelle, la composition du ménage et la situation financière. Les facteurs associés aux états anxieux, communs aux deux sexes, étaient une situation financière juste ou difficile, un niveau d’éducation inférieur au baccalauréat, ainsi que la présence de comorbidités dépressives et de pensées suicidaires.
Conclusion – Les données du Baromètre santé suggèrent qu’il n’y a pas eu d’augmentation durable des symptomatologies anxieuses en population générale à la suite de l’épidémie de Covid-19. Elles témoignent cependant d’une prévalence élevée au sein de la population générale, avec des inégalités sociales marquées selon le sexe, le niveau d’éducation et les ressources financières, ainsi que l’existence d’une forte comorbidité avec les épisodes dépressifs caractérisés et les pensées suicidaires. Ces résultats invitent à faciliter l’accès de toute la population, et notamment des plus défavorisés, aux informations permettant de prévenir, repérer et prendre en charge les troubles anxieux.

1 Santé publique France, Saint-Maurice
2 Hôpital Albert-Chenevier, Groupe hôpitaux universitaires Henri-Mondor, Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Créteil