A la suite de nouvelles attaques publiques d’instances médicales concernant le modèle libéral de la pratique avancée, l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (UNIPA) rappelle dans ce communiqué les causes profondes de la situation actuelle, et demande une nouvelle fois à la création d’une convention propre à la pratique avancée, afin que les IPA puissent être partie prenante de l’évolution de leur modèle économique, étant les experts de leur exercice spécifique et complexe.
Alors que certaines corporations médicales – notamment l’UFML – via son dernier communiqué, persistent à caricaturer les Infirmiers en Pratique Avancée (IPA) comme « un échec total « du système de santé », il semble utile de revenir aux faits.
Les freins à l’installation des IPA en ville : entre stratégie d’obstruction et modèle économique inadapté
Depuis la création de la pratique avancée, certaines corporations médicales – en particulier l’UFML – ont activement freiné le déploiement des IPA en secteur libéral, en diffusant des arguments infondés répétés inlassablement : les IPA seraient mieux rémunérés que les médecins, ils alourdiraient leur responsabilité juridique, la collaboration ferait perdre du temps… donc de l’argent.
Bien que purement fallacieux, ces discours ont contribué à créer un climat de défiance dans la profession médicale, freinant la volonté de coopération, malgré de nombreux exemples de collaboration réussies sur le terrain.
Mais le principal obstacle aujourd’hui est économique : le modèle de rémunération actuel ne prend pas en compte la réalité de l’exercice des IPA en ville. Considéré à tort comme le suivi de patients parfaitement stabilisés tous les 3 mois, la réalité est tout autre sur le terrain. En effet, les IPA voient surtout des patients complexes, qui ont la plupart du temps besoin d’un suivi rapproché et chronophage, que les médecins ne peuvent pas assurer. A l’heure actuelle, cette récurrence et cette complexité ne sont pas traduites dans le modèle conventionnel. À cela s’ajoute un accès direct pourtant prévu par la loi Rist promulguée le 19 mai 2023, mais toujours non financé faute de retranscription dans la convention nationale infirmière (lire aussi notre article).
Résultat : un infirmier libéral qui devient IPA libéral perd environ 30 000€ par an. L’argument d’une rémunération excessive ne tient donc plus – et même M. Marty, Président de l’UFML, reconnaît aujourd’hui que les IPA ne sont pas suffisamment payés, tranchant ainsi avec son discours habituel. Il rejoint ainsi les positions de l’IGAS, de la Cour des Comptes, de la Commission des affaires sociales du Sénat, de l’Assemblée nationale, qui recommandent une revalorisation de l’exercice IPA en ville, notamment en ville.
Face à ce constat, l’UNIPA demande une convention propre aux IPA, permettant de négocier un cadre d’exercice qui est spécifique et complexe, à la hauteur des enjeux : l’accès direct, la complexité des cas, la récurrence des consultations, la responsabilité clinique. Ne l’oublions pas, les IPA sont désormais des professionnels de santé autonomes, de premier recours.
Un objectif : l’accès aux soins pour tous
Alors que 7 millions de Français n’ont pas de médecin traitant, faut-il vraiment continuer à entraver celles et ceux qui peuvent soulager le système, accompagner les personnes soignées, et travailler en coordination avec les médecins ? La réponse est dans la question.
Le déploiement des IPA, s’il dérange certains équilibres corporatistes, répond à un enjeu de société : celui d’une santé accessible, humaine, territorialisée. C’est cela, notre boussole.
Unipa, communiqué du 19 juillet 2025