Dans ce nouveau témoignage extrait du « Blogschizo », Lana, tombée malade à l’âge de 17 ans et aujourd’hui stabilisée, revient sur les rencontres soignantes qui ont jalonné son parcours. Des comportements, mots et méthodes l’ont heurtée, blessée, d’autres l’ont « sauvée ».
Dans le magnifique roman en vers de Pauline Bilisari, Les astres brilleront toujours, c’est la devise de la psy à qui s’adresse l’héroïne.
Et c’est cela, exactement cela, qui fait d’une personne un soignant de qualité.
Des soignants, depuis mes 17 ans, j’en ai vu beaucoup. Il y a ceux qui ne m’ont pas écoutée, ceux qui ont minimisé ou nié mon ressenti, ceux qui m’ont ouvertement méprisée, ceux qui faisaient passer leurs guerres de chapelles et d’ego avant mon bien être le plus basique, ceux qui s’obstinaient en dépit de tout bon sens parce que si je n’allais pas mieux, si mon état ne faisait que se dégrader, c’était forcément de ma faute, c’est parce que je n’étais pas une bonne patiente, jamais parce que leur méthode ne me convenait pas, jamais ils ne se seraient remis en question, non, c’était plus facile de m’enfoncer la tête sous l’eau, ceux qui étaient gentils et à l’écoute mais finalement très paternalistes ou qui ne me proposaient rien, et il y a celui, faux, tellement faux, dont j’ai su par après qu’il avait été condamné à de la prison pour avoir violé deux patientes.
Mais dans ce parcours, long, sinueux, épuisant, il y a des personnes qui ont éclairé ma route, sans tracer mon chemin. Une psychiatre, deux médecins généralistes et une infirmière. Ils m’ont offert un espace de respiration, et ça, déjà, c’est vital. Parfois, les gens disent « Mais va voir telle ou telle personne, qu’est-ce que tu as à perdre, à part un peu d’argent ? » Mais beaucoup de choses ! On a à perdre tellement de choses chaque fois qu’on remet sa vie et ses espoirs entre les mains de quelqu’un ! Bien plus que du temps et de l’argent, qui en soi sont déjà des choses importantes, être rejetée, incomprise, encore une fois, ça éloigne un peu plus des autres et du monde, ça enferme encore un peu plus dans la souffrance. Ca fait qu’on a moins le courage de parler, de faire confiance, de continuer. et donc, avoir des personnes qui, dans ce labyrinthe, me permettent de respirer, c’est vital.
Avoir des personnes qui écoutent, qui écoutent vraiment, et jamais ne minimisent, mais voient aussi les forces que moi je n’arrive plus à repérer, c’est d’une aide précieuse. Parce que banaliser et sortir des solutions prêtes à penser, des théories dignes du pire développement personnel de bas étage, à part me faire sentir encore plus incomprise et seule, ça ne m’a jamais fait avancer. (…)
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