Psychiatrie de la personne âgée : quid de la douleur ?

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Au Vinatier, le projet de recherche DoCPPA vise à évaluer et mieux comprendre la douleur chronique chez les personnes âgées en psychiatrie. Très fréquente, cette douleur physique, le plus souvent non traitée, impacte en effet fortement la qualité des personnes et de leur entourage. Comment améliorer les pratiques ?

En psychiatrie de la personne âgée, la douleur chronique reste mal connue, peu évaluée et très insuffisamment prise en compte. Hélène Saint-Martin, psychologue au Pôle de psychiatrie de la personne âgée (PsyPA) du Vinatier Psychiatrie universitaire Lyon métropole, et coordonnatrice d’un projet de recherche sur ce sujet, observe : « Dans nos accompagnements, cette douleur physique apparait souvent au premier plan, centrale, et vient accroître la douleur psychique ressentie par les patients. Cette plainte douloureuse impacte fortement la qualité de vie des personnes mais aussi celle de leurs proches. Elle a des répercussions multiples… ». 

Cette recherche, à l’instigation de Jean-Michel Dorey, psychiatre, chef de service, avec la collaboration d’Isabelle Rouch-Leroyer, épidémiologiste, vient d’obtenir un financement dans le cadre des projets de recherche du Vinatier (PRV). Sur le plan méthodologique, il s’agit d’une étude transversale monocentrique prospective. Le protocole prévoit d’inclure 430 patients âgés de plus de 65 ans, atteints de troubles psychiatriques et suivis en psychiatrie en hospitalisation complète ou ambulatoire.

L’évaluation de la douleur est réalisée en consultation par par des psychologues via des hétéro-questionnaires, en une séance pour les patients suivis en ambulatoire, et deux séances pour ceux suivis en hospitalisation complète, comprenant une séance d’évaluation neuropsychologique complémentaire. L’objectif principal est donc d’évaluer la prévalence de la douleur chronique au sein de cette population, en précisant son type et ses caractéristiques, ainsi que sa prise en charge. Au-delà, il s’agira de mettre en évidence d’éventuelles associations transversales entre la présence de DC et l’intensité des symptômes psychiatriques et psychocomportementaux ; le fonctionnement cognitif ; l’autonomie ; la qualité de vie ; le fardeau des aidants ; la prescription de psychotropes.

La moitié des inclusions a été effectuée, et les premiers résultats montrent que plus de la moitié des patients présente une douleur chronique pour la plupart non traitée. Du côté des perspectives, H. Saint-Martin souligne que « cette recherche en elle-même produit déjà des effets positifs en termes de sensibilisation des équipes soignantes, qui, dès lors, traitent davantage les douleurs repérées. » A plus long terme, l’amélioration des pratiques pourrait participer à la prévention des risques d’apparition ou d’aggravation de troubles psychiques, cognitifs et comportementaux en lien avec la douleur ; à alléger le fardeau de l’entourage ; à diminuer le recours au système de soin… Résultats attendus courant 2026.

• Douleur chronique en psychiatrie de la personne âgée : étude de prévalence et impact sur les caractéristiques cliniques (DoCPPA), contact : helene.saint-martin@ch-le-vinatier.fr