Risque suicidaire des mineurs confiés : lever l’indicible

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L’existence d’un sur-risque suicidaire chez les jeunes mineurs placés par la protection de l’enfance est de mieux en mieux établi. Mais comment repérer ce risque et intervenir ? Deux sociologues synthétisent leur recherche sur la question dans un numéro d’ « Echos de la recherche en protection de l’enfance ».

Cette publication rend compte du travail de recherche de deux sociologues intitulée « État suicidaire de jeunes en structure collective de protection de l’enfance : quelles ressources partenariales, de prévention et d’intervention pour les professionnels ? Elle met en lumière le tabou suicidaire en protection de l’enfance et renseigne sur les différents facteurs complexifiant le repérage des risques au sein des MECS. Les difficultés d’identification et de qualification du risque suicidaire peuvent se nourrir des conditions de prise en charge dans un cadre collectif mais aussi de de la fréquence des conduites à risque chez les jeunes confiés.  Pour les auteurs, « lever l’indicible » constitue un des préalables incontournables de la prévention et de la prise en charge.

Voici leur conclusion :

« Ainsi, s’il paraît essentiel d’augmenter l’offre de soin et son accessibilité, il conviendrait de discuter de la socialisation au soin comme composante du travail socio-éducatif. L’incursion du soin dans la vie quotidienne mériterait d’être reconnue et encouragée comme le soutien émotionnel, l’encouragement des mineurs à verbaliser et identifier leurs idéations suicidaires et à faire preuve de réflexivité. La richesse des ressources déjà mobilisées par les professionnels des structures collectives – la « bobologie », les différents outils de contenance, de médiation et d’attention particularisée – devrait être mieux visibilisée, valorisée et soutenue par de meilleures conditions de travail. Tandis que les techniques des soignants – oser la question des idées suicidaires, recevoir la parole des mineurs, y répondre par l’adressage à des cliniciens, soutenir les plans de sécurité et les stratégies de coping – devraient pouvoir être réappropriables en tenant compte des conditions réelles de travail en structure collective ».

Risque suicidaire des mineurs confiés : lever l’indicible, n°22, avril 2025, Échos de la recherche en protection de l’enfance rédigé par Charlène Charles et Christophe Trombert, sociologues, à partir de leur recherche soutenue par le conseil scientifique de l’ONPE (Observatoire national de la protection de l’enfance).