En octobre dernier, lors de l’émission La Grande Librairie, le grand sociologue et philosophe Edgar Morin, du haut de ses 103 ans, nous invitait à prendre le risque de « vivre poétiquement ». Ne pas se planquer, disait-il, ni se mettre à l’abri, comme les résistants qui tentent de survivre face au danger, sachant de quoi il parlait, lui-même l’ayant été durant la Seconde Guerre mondiale. Il nous invitait à garder foi dans la vie, à s’enflammer, à s’engager dans une vie consciente et créative. Occupez-vous, oui, mais poétiquement, aurait-il pu ajouter, dans une homologie possible pour ceux qui ont fait l’expérience douloureuse de la psychose. Le bouleversement existentiel que la maladie psychique entraîne a souvent comme conséquence une perte importante de confiance en soi, en l’autre, et dans le sens même de la vie. Sortir d’un épisode psychotique, c’est se retrouver en mode survie, résistance, en proie à une sorte de « rétrécissement poétique » de l’existence. S’occuper d’amender les symptômes, de traiter la maladie est une chose, reprendre goût et foi en l’existence en est une autre !
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