Violences sexistes et sexuelles à l’hôpital : focus sur les directions

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Selon le Centre national de gestion, 45,4% des directrices d’hôpitaux ont été témoins ou victimes de violences sexuelles et sexistes (VSS). Dans la majorité des cas, l’auteur appartient à un cercle professionnel proche de la victime : un membre de la gouvernance, de l’équipe de direction ou un supérieur hiérarchique. Ces chiffres sont issus d’une enquête nationale à laquelle ont répondu 1171 directrices et directeurs.

Dans le cadre de son action en faveur de l’égalité et des parcours professionnels, le Centre national de gestion (CNG) a mené au second semestre 2023 une enquête nationale auprès des directrices et directeurs de la fonction publique hospitalière, portant notamment sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) : 1171 directrices et directeurs ont répondu à cette enquête, soit environ 27 % de tous les directeurs, femmes et hommes, exerçant en établissement.

Il en ressort que 43 % des directeurs ont répondu avoir été concernés par les VSS, en étant témoin ou victime d’au moins une VSS. 70 % des hommes déclarent n’avoir été ni témoins de sexisme, ni victime de VSS, contre 45,4 % des femmes. Concernant plus spécifiquement les victimes, 29 % des directeurs disent avoir été victime d’au moins une VSS au cours des 3 dernières années, avec des écarts extrêmement importants : 42 % des femmes (303) contre 9 % des hommes (40).

Près de 900 phénomènes, qui se sont déroulés au cours des trois dernières années, ont été déclarés dans le cadre de cette enquête : 39 % en tant que témoin de sexisme et 61 % en tant que victime de VSS. Parmi les situations vécues en tant que victimes, 56 % concernent des remarques déplacées. 

Les auteurs de VSS sont à 77 % un homme ou des hommes. Dans 58 % des cas, l’auteur de VSS appartient à un cercle professionnel proche de la victime : un membre de la gouvernance (médicale et de direction) (22 %), un membre de l’équipe de direction (18 %), un supérieur hiérarchique (18 %).

Les faits de VSS sont évoqués/signalés à un tiers dans 57 % des cas. Dans 3 % des cas les faits évoqués/signalés l’ont été de façon anonyme. La certitude que rien ne se passerait est une raison souvent citée pour ne pas dénoncer les faits subis. Les témoins ou victimes disent ne pas toujours avoir réalisé la gravité des faits. Lorsque le répondant est témoin, les faits de sexisme sont évoqués avec des tiers dans 74 % des cas. Pour les cas où le répondant est une victime, les faits sont peu évoqués/signalés mais plutôt gardés pour soi.  Lorsqu’ils ne sont pas tus ils sont majoritairement rapportés à un collègue Le dispositif de signalement interne est très peu utilisé par les directeurs. 

Parmi les faits ayant été évoqués/signalés à des tiers, dans 31,5 % des cas, l’auteur a été géré par la hiérarchie (recadrage, disciplinaire, procédure pénale, autre). Lorsque les faits évoqués/signalés le sont par la victime (exclusion de « témoin de sexisme »), celle-ci n’a connaissance de suites données que dans 13 % des cas.

37 % des victimes directes de VSS déclarent une absence de conséquence pour elles-mêmes. Les principales répercussions pour les victimes portent sur une dégradation de la relation de travail (32 %), un sentiment d’insécurité au travail (26 % chez les victimes directes de VSS), des conséquences sur la vie personnelle (15 %). 

Ces chiffres font écho aux résultats du 5ème baromètre Donner des ELLES à la santé – Janssen France par Ipsos sur la situation des médecins à l’hôpital, paru au mois de juin 2024. Les VSS apparaissent comme touchant une part importante de médecins : 39 % de femmes médecins ont été victimes de comportements sexistes (allant de paroles sexistes à des agressions sexuelles), 29 % ont été confrontées à des propos sexistes sur leurs compétences, 26 % ont reçu des remarques sur leur apparence physique ou leur tenue vestimentaire et 19 % ont reçu des questions intrusives et répétées sur leur vie privée ou sexuelle ; enfin, 66 % des femmes victimes de propos sexistes ont décidé d’en parler, majoritairement à des collègues, et très peu aux référents égalité professionnelle.

Communiqué : www.cng.sante.fr

• Voir sur le site le Baromètre Donner des ELLES à la santé – Janssen France : www.santementale.fr