A la demande d’un ami collectionneur, Hervé Hubert, les artistes Pierre et Gudrun Albasser, bien connus des lecteurs de Santé mentale, ont réalisé une œuvre originale : le décor d’une porte en bois du XVIIe siècle… A la manière d’une bande dessinée, ils retracent l’histoire de l’Arche de Noé, belle occasion de retrouver les animaux extraordinaires chers au binôme. Nous leur donnons la parole pour nous raconter cette aventure…
« Un ami, Hervé Hubert, passionné de vide-greniers, nous a proposé en début d’année une “idée folle” : embellir artistement et complètement à notre guise une vieille porte à caissons du XVIIe siècle. Il l’avait achetée sur leboncoin dans une ferme près d’Orléans. Nous avons accepté le défi sans hésiter car les occasions d’être sollicité en binôme sont rares. Donc porte ouverte à l’imagination !

La vénérable porte a été déposée dans notre garage fin mars et nous avons conçu le projet de raconter l’histoire de l’arche de Noé, où abondent les animaux, sujets fort prisés de Pierre. Au lieu de nous directement attaquer au bois, nous avons opté pour une solution “bande dessinée” à insérer dans les caissons.
L’objet imposant nous a fait une première surprise avec une éruption de moisissures. Après traitement au vinaigre blanc, le mois de juin nous a vus aborder les travaux pratiques : comment construire une arche, quels animaux choisir, combien de provisions embarquer…
Pierre a accepté que je me charge de l’organisation du chantier, c’est à dire du choix et de la découpe des supports, de l’arrangement du récit du bas vers le haut pour souligner la montée des eaux, de la sélection globale des teintes pour garder une certaine harmonie dans la progression alternée. Nous avons discuté des scènes importantes et de leur partage, des couleurs à assortir, celles des fonds et celles des sujets. La vue des premiers caissons garnis de leurs images nous a donné un bel élan pour la suite de l’ouvrage. Les petits pinceaux de Pierre n’ont pas refroidi, tandis que la cheffe de chantier a taillé sans remords dans ses anciennes gravures pour composer ses collages, la construction de cette œuvre inédite valait bien quelques sacrifices.
Quatre mains pour créer vingt images ! À hauteur des pieds, la case numéro 1 avec le titre a clôturé le chantier ; après tractations concernant l’illustration, l’arrosoir a dû laisser sa place au nuage orageux. Pendant tout l’été, la porte a imposé sa présence visuelle devant le mur blanc du garage. Son départ a créé un vide et un manque… »
Actuellement, cette porte nécessite encore quelques travaux pour être accrochée, avant de retrouver le domicile de son propriétaire francilien, Hervé Hubert. Elle sera disponible pour être exposée, « à condition d’aller la décrocher et la raccrocher ! ». De son côté, Pierre Albasser travaille également à la réalisation d’une grande exposition, fin 2025, au Musée et Jardins Cécile Sabourdy, à Vicq-sur-Breuilh (Haute-Vienne).
Un couple d'artistes prolifique…
Artiste d'art brut renommé, Pierre Albasser réside et travaille près de La Rochelle. Né en 1936, cet ancien directeur de bureau d’études est venu à l’art au moment de la retraite anticipée. Encouragé par son épouse Gudrun, son archiviste et imprésaria, elle-même artiste graveur, il produit une œuvre prolifique à partir de matériaux de récupération : emballages en carton, stylos-billes, feutres, cartouches d’imprimante dont l’encre est utilisée à la seringue et même vernis à ongles… Ses sujets de prédilection : des créatures mi-animales mi-fantastiques, hautes en couleur et tout en fantaisies.
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