Comment faire connaître les atouts de la médecine thermale en santé mentale ? Quels dispositifs de soin proposer, et pour quels troubles ? A l’issue de la 1re Journée nationale « Santé mentale et médecine thermale », le 24 juin, les acteurs de la discipline émettent des propositions pour sensibiliser la communauté médicale à ce soin et structurer la filière.
Le thermalisme peut-il être une opportunité en santé mentale ? Organisée par le psychiatre Olivier Dubois, coordonnateur des principales études scientifiques réalisées dans ce domaine, représentant la Société française de médecine thermale (SFMT), en partenariat avec la Société médico-psychologique (SMP), une journée d’études a réuni le 20 juin dernier à Paris des experts de ces 2 spécialités et un public d’une centaine de professionnels de santé. Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et la psychiatrie auprès du ministère de la Santé, a introduit la journée. Le programme visait à promouvoir les bénéfices de cette prise en charge et à rassembler les professionnels autour de programmes ou actions communes pour être davantage reconnus.
En compléments de prises en charge ambulatoires et hospitalières, la médecine thermale en santé mentale constitue une alternative intéressante dans de nombreux troubles. Cette approche associe l’hydrothérapie quotidienne à l’expertise médicale, psychologique et psychoéducative. Ces quinze dernières années, plusieurs études académiques ont été conduites, notamment dans le traitement notamment des troubles anxieux, du burn-out, des addictions… Malgré cela, la filière reste méconnue et ces bienfaits parfois minimisés ou négligés. L’équipe organisatrice, constituée d’une vingtaine d’universitaires, a souhaité faire connaître auprès de la communauté scientifique et des acteurs politiques les résultats de différents travaux, publiées ou en cours de publication dans des revues anglo-saxonnes .
4 études ont été présentées par leurs auteurs :
– STOP-TAG (pour « suivi du thermalisme dans le trouble anxieux généralisé », étude encadrée par SHU Ste Anne et CHU Bordeaux, unités INSERM) a démontré la supériorité de l’effet de la cure par rapport au médicament référent au bout de 2 mois post-cure.
– L’étude SPECTh (pour « Sevrage de psychotropes par éducation psychothérapique en cure thermale », même encadrement scientifique) a montré que 41 % de curistes consommateurs chroniques d’anxiolytiques et hypnotiques arrivaient à stopper totalement cette dépendance durant les 6 mois suivant leur cure, implémentée par un programme d’accompagnement validé par la caisse nationale d’assurance-maladie.
– L’étude LetGoTherm (recherche encadrée par des unités de psychiatrie de Bordeaux, Marseille et Nancy) montre la corrélation puissante entre le niveau de relâchement ou de « lâcher-prise thérapeutique » obtenu durant la cure et l’amélioration de l’humeur à 4 mois.
– Enfin, dans le prolongement de STOP-TAG, Insula-Top, (encadrée et réalisée à Poitiers avec concours des Pr Bruno Dubois et Bruno Millet) utilise l’IRM fonctionnelle pour constater scientifiquement les effets de la cure sur la zone de l’Insula cérébrale (impliquée dans le processus d’anxiété). Elle prouve l’existence d’une corrélation entre l’impact visible à l’IRMf de la cure sur cette zone cérébrale et l’amélioration clinique rencontrée au bout de 2 mois. Cet impact est comparable à celui d’un médicament référent. Il dure et se renforce 1 mois après la cure.
Après ces présentations, des groupes de travail ont permis aux participants d’échanger sur leurs expériences et d’imaginer diverses solutions pour permettre le développement de programmes validés et applicables en santé mentale.
Les débats ont permis d’élaborer des pistes d’action :
– Mieux faire connaître et reconnaître cette approche remboursée par l’Assurance maladie auprès des généralistes ;
– Trouver des voies pour adapter la cure « classique » de trois semaines aux situations modernes que sont par exemple la prévention du burn-out, qui touche des jeunes actifs, ou le soutien aux aidants.
– « Upgrader » le concept même de cure thermale, qui doit prendre toute sa place en prévention de troubles chroniques de santé mentale en forte croissance.
Concluant la journée, le Dr Dubois a invité les participants à s’inscrire dans une dynamique de travail pour structurer davantage la filière. Une « task-force » sera constituée pour coordonner les développements en cours, soutenir la recherche et sensibiliser les politiques, les professionnels et le grand public.
• En savoir plus, retrouver le programme de la journée sur le site de la SFMT