Depuis 2021, une consultation infirmière d’aide au sevrage tabagique a été mise en place au CMP de Clamart-Le Plessis Robin (GH Paul-Guiraud). Une initiative qui valorise le rôle infirmier et porte ses fruits en termes de prévention et de mise en place d’un accompagnement personnalisé des patients.
Au GH Paul-Guiraud (Hauts-de-Seine), un des axes du projet de soins promeut le développement des compétences. Dans cette perspective, et dans le cadre des « lieux de santé sans tabac », une consultation infirmière a été mise en place au Centre médico-psychologique de Clamart-Le Plessis-Robinson (1), pour sensibiliser les patients aux méfaits du tabac et à les accompagner, s’ils le souhaitent, vers le sevrage. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet DEFUME, relayé par le pôle Clamart et mis en place au CMP, accompagné par la tabacologue Barbara Rampillon. Esther Agustin-Grün, cadre supérieure de santé pôle Clamart, est à l’initiative de l’élaboration collective d’un poster sur ce sujet présenté dans le cadre du congrès de l’Encéphale.
Rappelons que depuis la parution de l’article L. 3511-10 de la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé, les infirmiers peuvent prescrire des traitements de substitution nicotinique et ainsi mieux accompagner des patients fumeurs vers un sevrage tabagique.
En psychiatrie, le taux de tabagisme chez les personnes porteuses de troubles psychiques est plus élevé qu’en population générale (5,3 fois plus important chez les personnes souffrant de schizophrènies).
Une évaluation des bénéfices de cette consultation a été réalisée de septembre 2022 à septembre 2023, année durant laquelle l’infirmière Charlotte Joubert a accompagné 26 patients du CMP. Leurs caractéristiques étaient les suivantes :
– 46% de femmes et 54% d’hommes ;
– 100 % d’entre eux présentaient une pathologie psychiatrique associée : 46% de troubles schizophréniques, 30% d’état dépressif majeur et 7,6% un trouble bipolaire ;
– les tranches d’âges les plus représentées étaient les 30-40 ans (21%), les 40-50 ans (48%) et les 50-60 ans (29%) ;
– 57% des patients étaient adressés par les psychiatres et 24% par les infirmiers.
La communication par voie d’affichage en salle d’attente du CMP a également permis à 19% des patients de prendre rendez-vous directement auprès de l’équipe.

Grands principes et déroulement de la consultation infirmière Defume
Lors de cette consultation, le rôle infirmier a été objectivé notamment lors de la demande d’aide au sevrage tabagique et l’accompagnement à sa réalisation, avec un plan d’actions personnalisé basé en particulier sur des outils de thérapie comportementale et cognitive et des entretiens motivationnels. La motivation la plus fréquemment rencontrée chez les patients, sans préjuger du diagnostic nosographique, était leur volonté d’arrêter ou de diminuer la consommation de tabac pour une meilleure santé mais aussi pour faire des économies (80%).
« La première consultation, d’une heure environ, permet d’écouter le patient, de percevoir ses motivations et ses habitudes. La tentation de fumer survient souvent lorsque les autres fument, ou en situation de stress, et je dois aider le patient à en prendre conscience. Il n’est pas question de mettre en jeu une quelconque culpabilité, mais de rappeler les effets délétères du tabac sur la santé et même sur les traitements, explique Charlotte Joubert. Il est en effet avéré que fumer lorsqu’on prend, par exemple, un traitement par clozapine peut potentiellement modifier les dosages sanguins et agir sur l’efficacité (3). On parle également des patchs nicotiniques, de leur rôle, de leurs effets et de leur tolérance ; tolérance qui sera revue au fur et à mesure du suivi de sevrage lors des consultations à distance avec le patient. »

Cette consultation infirmière dédiée permet ainsi une écoute et un accompagnement individuel adapté qui, dans de nombreux cas, ont permis de modifier les habitudes du patient et de réduire ou d’arrêter sa consommation tabagique. Pour Charlotte Joubert, l’important « est de cheminer au rythme du patient, de ne jamais dramatiser les quelques consommations qui peuvent parfois survenir durant la période de sevrage, de rester toujours à l’écoute des motivations de la personne soignée et de l’encourager à réussir son arrêt du tabac de façon pérenne au fil du temps. »
1– La file active du CMP est de 935 patients en 2022 .
2– Cette initiative a été présentée sous forme de poster au Congrès de L’Encéphale du 24 au 26 janvier 2024. P-O88 –« Consultation infirmière DEFUME en CMP » – Charlotte Joubert, infirmière CMP secteur 92G17, Esther Agustin-Grün, cadre supérieure de santé pôle Clamart/Valérie Casandjian, cadre de santé CMP secteur 92G17, Dr Ouardia Otmani, psychiatre, cheffe de pôle Clamart, Barbara Rampillon, tabacologue, responsable DEFUME.
3- Patients sous clozapine et sevrage tabagique : attention au surdosage. ML. Le Bellec (1), A. Muzard (1), V. Auclair(1), G. Callery (2), C. Gabriel-Bordenave (1), C. Roberge (1) (1) Service Pharmacie (2) Pôle Caen Plaine Centre hospitalier spécialisé, 15 Ter rue Saint-Ouen 14 000 Caen.