Une salle de retour au calme pour accueillir les enfants

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Au GHU Paris psychiatrie et neurosciences, des soignants et des designers ont conçu ensemble un lieu et du matériel dédiés aux enfants en phase d’agitation aiguë.

L’hôpital de jour Picot accueille des enfants de 6 à 12 ans présentant des troubles autistiques. Une salle de retour au calme a été conçue pour les jeunes patients qui traversent des phases d’agitation aiguë. Il s’agissait de remplacer un espace vétuste de l’HDJ, composé à l’origine d’un unique matelas au sol que les soignants plaquaient contre un mur pour que l’enfant se défoule.

Les équipes soignantes ont donc fait appel au Lab-ah (laboratoire de l’accueil et de l’hospitalité) pour repenser l’environnement de cette salle : « Notre objectif était de développer un univers sensoriel propre à calmer les enfants sans générer plus de violence, explique Marie Coirié, directrice du Lab-ah et designer. Nous avons retravaillé l’esthétique de la pièce, en convoquant un autre imaginaire, celui de la nature et refuge. »

Les trois temps de la crise

Deux designers se sont rendus régulièrement à l’HDJ, pour travailler avec les équipes. Les réflexions ont tout d’abord permis de « schématiser » le parcours de la crise en trois temps, qui se sont déclinés au sein d’un dispositif :
– La montée de la colère/l’arrivée dans la pièce : « Nous avons travaillé un espace enveloppant, “enrobant” afin de protéger l’enfant de lui-même ». Les infirmiers accompagnent l’enfant puis quittent la pièce.
– Au cœur de la crise, l’enfant tambourine et tape partout : « La décharge physique est possible grâce à l’utilisation de mousses à densité différentes fixées au mur. Contrairement au punching-ball qui renvoie la colère, nous avons fait le choix de travailler sur des mousses qui absorbent les coups. » Petit à petit, l’enfant s’épuise et il commence à pleurer.
– Lorsque l’enfant se calme, les infirmiers entrent pour reprendre contact avec lui. « À ce moment, il se replie sur lui-même dans un coin. Nous avons installé un tipi dont il peut rabattre les 2 parois sur lui pour être enveloppé. Lui seul ajuste l’ouverture de ces parois lorsqu’il se sent prêt à discuter. »

Ce mobilier a été entièrement réalisé sur-mesure : « Lors de notre benchmark auprès des fournisseurs, on s’est rendu compte que la question des angles n’était jamais traitée. On constate que cela n’existe pas alors que c’est un besoin qui se présente assurément dans d’autres services de pédopsychiatrie. Nous avons trouvé un fournisseur de matériel d’escalade qui a fabriqué des tapis d’angles et un module avec différentes mousses ». Le tout véhicule une atmosphère plus cocooning, moins stigmatisante .

Des retours encourageants

Les premiers retours sont positifs : « c’est très apprécié des équipes mais il s’agit d’une nouvelle utilisation aussi pour eux, ce qui les amène à retravailler leur propre pratique dans cette pièce ». Cela demande également des ajustements. La porte est encore à améliorer pour un meilleur confort acoustique. La question de l’accompagnement sensoriel des crises violentes n’avait pas encore été travaillé de cette façon, il s’agit donc d’une salle expérimentale au sein de l’établissement. A plus long terme, le dispositif en tout ou partie pourra être déployé dans d’autres unités de pédopsychiatrie, en particulier le tipi, qui semble être apprécié des soignants et des enfants.

En savoir plus : www.ghu-paris.fr, rubrique Actualité, contact : Marie Coirié, M.COIRIE@ghu-paris.frImage © GHU Paris psychiatrie et neurosciences