En déplacement à Lyon, François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, dresse avec le comité stratégique en santé mentale et en psychiatrie un point d’avancement de la Feuille de route Santé mentale et Psychiatrie, lancée en 2018 et enrichie en 2021 de mesures prises dans le cadre des Assises de la Santé mentale et de la Psychiatrie. Un dossier de presse dédié présente une synthèse et les perspectives.
En préambule de sa synthèse, le ministère rappelle le contexte et les 3 axes prioritaires de la Feuille de route Santé mentale et Psychiatrie :
– Promouvoir le bien-être mental, prévenir et repérer ;
– Garantir des parcours de soins ;
– Améliorer les conditions de vie et d’inclusion sociale.
Lancée en 2018, elle a mobilisé 1,4 Mds€ sur la période 2018-2021. Elle s’est enrichie depuis lors de mesures dédiées du Ségur de la santé et surtout, des 30 mesures des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, annoncées par
le Président de la République en septembre 2021, soit un effort complémentaire de 1,9 Mds€ jusqu’en 2026.
« Aujourd’hui, forte de 50 actions, la feuille de route développe une ambition refondée pour la santé mentale et la psychiatrie en France ».
Le Gouvernement pointe un moment « paradoxal », avec, d’une côté, une forte croissance des demandes et des difficultés importantes, qui conjuguent « démographie préoccupante des professions de la santé et du médico-social, déficit d’attractivité de la psychiatrie, épuisement des équipes… », et d’un autre côté un réel engagement des pouvoirs publics. Ainsi, un an et demi après les Assises, « les avancées sont réelles et encourageantes », avec :
– « l’affirmation croissante d’une politique de promotion et de prévention en santé mentale qui mobilise des acteurs de plus en plus nombreux ;
– la poursuite d’un maillage territorial de l’offre de soins psychiatriques, dans le cadre d’une transformation des pratiques et des organisations qui doit composer avec les difficultés structurelles et conjoncturelles rencontrées par ses
professionnels ;
– des leviers renforcés en faveur de I’insertion sociale et de la citoyenneté des personnes en situation de troubles ou de handicaps psychiques. »
Axe 1 : Prévention / promotion de la santé mentale
Dans ce domaine, le dossier présente diverses mesures concernant le repérage et la prévention de la souffrance psychique dès le plus jeune âge. Il signale également le déploiement des premiers secours en santé mentale, auprès notamment des publics spécifiques comme les étudiants ou le secteur agricole. « Au total, plus de 43 000 secouristes sont déjà formés fin 2022 (soit 3 fois plus que fin 2021). »
La prévention du suicide déploie un ensemble de cinq actions coordonnées, dont le déploiement du recontact des personnes ayant fait une tentative de suicide (VigilanS). Le ministère compte 17 régions et 92 départements. « Depuis sa mise en place en 2015, ce sont près de 90 000 patients qui ont été inclus dans le dispositif, dont 30 000 en 2022. »
Axe 2 : Garantir les parcours de soin
Le Gouvernement entend poursuivre « le maillage territorial de l’offre de soins psychiatriques, dans le cadre d’une transformation des pratiques et des organisations », qui doit composer avec les difficultés structurelles et conjoncturelles. Ainsi l’amélioration du parcours de soins en santé mentale « passe par le renforcement des premières lignes que sont les généralistes et des dispositifs spécialisés, et par leur meilleure articulation ».
Le disposif MonPsy a ainsi été déployé dans ce registre, avec « une montée en charge rapide ». Au 31/01/2023, il enregistrait 90 642 patients, dont 71 % de femmes et 10 % de public précaires. Les professionnels adresseurs seraient massivement les généralistes et 2 200 psychologues volontaires sont conventionnés à ce jour. Un « élargissement de l’adressage aux sages-femmes, dans le cadre de la détection de la dépression du post-partum ou dans les suites d’une fausse-couche, pourrait être envisagé. »
Le ministère rappelle les fonds engagés depuis 2018 pour la psychiatrie « destinées à répondre aux difficultés du secteur et à engager les transformations nécessaires, attendues des patients et familles ». Deux appels à projets nationaux (Fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie et Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent) ont engagé 10 M€ pour soutenir 36 projets ciblés sur l’innovation organisationnelle en psychiatrie et 20 M€ pour 58 projets ciblés sur la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Par ailleurs, la création sur trois ans de 400 ETP dans les centres médico-psychologiques infanto-juvéniles (CMP-IJ) et 400 ETP dans les centres médico-psychologiques (CMP) vise à améliorer l’offre de soin.
Des réformes en cours d’application concernent le régime des autorisations et du financement de la psychiatrie, et « vont donner aux ARS et aux acteurs locaux, des leviers plus efficaces. » Ils pourront ainsi « mieux structurer l’offre spécialisée et accompagner son évolution », dans le cadre structurant des projets territoriaux de santé mentale (PTSM).
• Axe 3 : Insertion et citoyenneté des personnes en situation de troubles ou de handicaps psychiques
Le renforcement de l’autodétermination des personnes concernées de même que « l’aller vers » les personnes les plus vulnérables sont des piliers essentiels. Dans ce contexte, le soutien à la pair-aidance passe la poursuite des créations de GEM. Le dossier pointe « une forte dynamique de création : 656 GEM étaient recensés en 2021, soit une augmentation de l’offre de 8,5 %. » Tous les départements disposent désormais d’au moins 1 GEM. Le déploiement des collectifs d’entraide et d’insertion sociale et professionnelle sur la base du modèle des clubhouses est aussi un modèle soutenu.
Le ministère signale également l’extension du dispositif Un chez soi d’abord, destiné aux personnes sans domicile présentant des pathologies psychiatriques sévères. Pérennisé sous la forme « appartement de coordination thérapeutique (ACT) Un chez-soi d’abord » en 2017, le déploiement de ce dispositif entre 2018 et 2022 a permis d’ouvrir 32 sites pour 2 570 places. À fin 2022, 66% des places autorisées sont pourvues et la fin de la montée en charge des sites est prévue à fin 2024.
Mieux prendre en charge ces publics précaires implique aussi de renforcer les équipes mobiles psychiatrie précarité (EMPP). « 140 EMPP sont actuellement réparties sur l’ensemble du territoire, ayant permis la prise en charge en 2019 de plus de 33 000 personnes ». Des crédits visent à créer des équipes dans les départements non pourvus.
5 priorités pour réussir les transformations engagées Réussir ce qui a été annoncé et engagé : Pour le Gouvernement, « l’heure n’est pas tant à l’annonce de nouvelles mesures qu’à la réussite des transformations en cours qui doit concentrer tous nos efforts. » Cinq priorités sont fixées « pour lever les freins qui ralentissent certaines actions programmées et pour appuyer, approfondir ou accélérer d’autres actions qui appellent une réponse plus urgente... » • Dans une logique interministérielle, renforcer la promotion du bien être mental, la prévention et le dépistage précoce de la souffrance psychique, particulièrement chez les enfants et les jeunes ; • Renforcer l’attractivité de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie ; • En lien étroit avec les élus et les associations, renforcer et structurer la coopération en santé mentale dans les territoires ; • Poursuivre le soutien à l’innovation et la recherche ; • Consolider et encadrer la pair-aidance professionnelle.
• Synthèse du bilan de la feuille de route santé mentale et psychiatrie, mars 2023, en pdf sur le site du ministère de la Santé