N° 275 - Février 2023

Clinique de la « réaffiliation »

Auteur(s) : Isabelle DURET, Professeure de psychologie clinique et de psychopathologieNbre de pages : 6
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À l’adolescence, les conduites à risques révèlent souvent une fragilité voire une absence du lien d’appartenance familiale. Le sentiment d'exister passe alors par la reconnaissance des parents et le fait de se sentir inscrit dans la généalogie.

Je travaille comme thérapeute familiale systémique auprès de jeunes en difficulté, souffrant de violences intra-familiales ou sociales. Au cours de mes recherches, je me suis intéressée aux questions de transmissions intergénérationnelles et d’héritages traumatiques et j’ai souvent remarqué que les adolescents qui présentent des troubles du comportement, des addictions ou des conduites à risque sont en situation de « désappartenance familiale ». L’objectif du travail adolescent est de devenir adulte tout en restant « l’enfant de ses parents » (Moisseeff, 1992). En grandissant, l’adolescent modifie le paysage familial et provoque un saut généalogique. En effet, devenant à son tour capable d’avoir des enfants, il fait de ses parents de potentiels grands-parents.
Il va généralement devenir adulte sans problème pourvu qu’il réponde à ces trois questions existentielles : Qui suis-je ? (identité) Qui suis-je en tant que garçon/ fille ? (identité sexuée) D’où est-ce que je viens ? (origine).
Ces questions cruciales accompagnent les remaniements psychiques et corporels dès le début de la puberté. Pour y répondre, l’adolescent a besoin de l’aide de sa famille. Celle-ci constitue un port d’attache à partir duquel il peut expérimenter de nouvelles règles et relations. Ses aventures relationnelles ont lieu de plus en plus à l’extérieur de la famille et il gagne ainsi progressive- ment en autonomie.

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