Fermetures de lits, manque de personnels, déprogrammation de soins… Une enquête menée par la conférence nationale des présidents de commission médicale d’établissement (CME) fait état d’une situation alarmante à l’hôpital, qui menace d’effondrement l’ensemble du système de soins. Des mesures urgentes sont préconisées, en particulier l’augmentation substantielle des rémunérations. Un communiqué précise ces résultats.
Une enquête menée auprès des Présidents de Commissions médicales d’établissements (CME) et de
Commissions médicales de groupement (CMG) du 27 mai au 14 juin 2022, confirme la criticité de la
situation. L’hôpital public, et à travers lui l’ensemble du système de santé, se fissure. Il menace de
s’effondrer dans les prochains mois si des mesures d’urgence et structurelles ne sont pas prises à très
courte échéance.
Les 213 réponses, représentant l’ensemble des CH, de l’hôpital de proximité au centre
hospitalier régional, mais aussi 99 groupements hospitaliers de territoire (GHT), font état d’une
situation et de perspectives très inquiétantes. Quelle que soit la région métropolitaine ou d’outre-mer,
ou le type d’établissement (support de GHT ou non), 63,7% signalent une difficulté majeure
actuellement au sein de leur établissement et 97,6% la pressentent d’ici à 2023.
La proportion de défaillances touche autant les structures d’urgence, que les services de médecine, Soins
de Suite et Réadaptation (SSR), Etablissement d’Hébergement des Personnes Agées Dépendantes
(EHPAD)/ Unités de Soins de Longue Durée (USLD) et de psychiatrie. Les services de périnatalité, de
chirurgie et de soins critiques sont également significativement impactés. La médecine de ville arrive
même en tête des préoccupations. Cette enquête démontre, si besoin était, que nous ne sommes pas
face à une crise des urgences mais bien de l’ensemble de l’hôpital et au-delà, de tout le système de santé.

Les difficultés de recrutements médicaux sont majeures dans les services d’urgence, mais importantes également dans les secteurs de périnatalité, médecine, SSR, EHPAD/USLD, psychiatrie. Celles relatives aux recrutements de paramédicaux arrivent même en tête dans les services de médecine, chirurgie, SSR et EHPAD/USLD.
Les fermetures de lits se multiplient : 32% des répondants signalent des fermetures de lits en soins critiques ; 20,7% en périnatalité, 44% en chirurgie, 74,1% en médecine et 45,3% en psychiatrie. Ces fermetures de lits, en lien avec l’absentéisme et les départs des professionnels, sont à l’origine de l’accélération des dysfonctionnements, par ailleurs chroniques, des services d’urgence. Au total, ce sont plusieurs milliers de lits qui sont fermés en plus des carences habituelles et l’hôpital public a les plus grandes difficultés à admettre en hospitalisation les patients qui le nécessitent.
Mais tout autant, l’hôpital public souffre de difficultés majeures pour faire sortir ses patients lorsqu’ils ont besoin de structures de soins de réadaptation ou médico-sociales. Les fermetures de lits y sont également fréquentes : 61,7% en SSR et 41,6% en EHPAD/USLD. Les difficultés de l’aval des urgences sont aussi le témoin des celles de l’aval de l’hôpital.
Il en résulte des déprogrammations toujours significatives malgré l’absence d’impact actuel du Covid-19 (32,7% en chirurgie et 17,1% en médecine).
Les établissements ont le sentiment d’être un peu isolés face à la gestion de cette crise. Une coordination des fermetures de lits au sein des GHT n’est mise en oeuvre que pour 42,2% des répondants. Les ARS paraissent faiblement impliquées avec une évaluation moyenne de leur mobilisation à 3,69 (échelle de 0 à 10) pour les directions centrales, et 3,41 pour les délégations territoriales. La mobilisation estimée des autres acteurs reste plus que timide : 1,74 pour les cliniques privées, 1,98 pour les ESPIC et 2,63 pour la médecine de ville, laquelle étant elle-même confrontée à de fortes difficultés.
Les Présidents de CME et de CMG estiment que les mesures urgentes à mener pour répondre à la crise hospitalière concernent l’augmentation substantielle des rémunérations du personnel paramédical et du personnel médical, la garantie de recrutements pour améliorer l’adéquation entre le nombre de personnels soignants et la charge en soins des patients, une 2ème phase d’investissement dans les hôpitaux publics, la prolongation de la garantie de financement, l’accentuation de la médicalisation de la gouvernance et la diminution drastique de la charge administrative. (…)
• Dégradation majeure de tous les secteurs de l’hôpital public : des réponses globales et sans précédent s’imposent au plus vite pour éviter la rupture, Communiqué de la CME-CH, 24 juin, à télécharger en pdf