L’accueil passe le plus souvent par le regard, dont Kogaone a fait son sujet de prédilection.Venu à l’art dans sa jeunesse via les graffitis, ce peintre multisupport et multitechniques est fasciné par les visages, et surtout les yeux. Il décline une galerie de portraits, à l’huile, sur des toiles de petits formats (50 cm par 60 le plus souvent), mais aussi dans des des fresques immenses sur les murs de la cité. Kogaone peint ses proches, mais trouve également l’inspiration dans son quotidien, utilisant des photos glanées au hasard…
Si le regard du modèle, perçant, percutant, se fiche d’emblée dans celui du spectateur, sa personnalité reste mystérieuse, interrogative, en retrait. Le visage lui-même est souvent très travaillé, donnant presque l’illusion d’une photo, tandis que des entrelacs d’aplats de couleurs franches viennent le cacher, l’encadrer, le tordre… Des morceaux sont ainsi très familiers, tandis que d’autres se dissimulent. Un œil est parfois dédoublé, comme si la vision était floue. Les personnages paraissent lisses, énigmatiques, et l’émotion provient alors de la rencontre, du choc de se retrouver face à un inconnu : gêne, pudeur, mais aussi joie, reconnaissance, connivence ?… « J’aime qu’il se passe quelque chose, que l’on ne reste pas indifférent à l’autre », confie le peintre. À travers ses contrastes de formes, de couleurs ou de matières, Kogaone joue avec la notion de réalisme qu’il distend jusqu’à l’abstraction. Les contrastes sont alors figés, sous le pinceau, dans une unité visuelle définitive. C’est une façon de découvrir et d’accepter la beauté singulière qui se révèle dans l’hésitation, le non-achevé, l’imperfection.
• En savoir plus : www.kogaone.com
– À voir à Paris 13e à la galerie Mathgoth (www.mathgoth.com) ; à Fontainebleau (www.fontaineblow-gallery.com/fr)