« La perm de Noël » : des transmissions infirmières vides de sens…

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Afin de se passer le relais entre équipes de soin, une réunion d'une heure est prévue pour les transmissions dans ce service d'hospitalisation à temps complet. Dans la pratique, certains soignants ont tendance à ne communiquer que de maigres informations… en 10 mns ! Dans son blog, SuzyQ, infirmière en psychiatrie, revient sur la nécessité de cet exercice, en particulier dans cette période d'après les fêtes de Noël où de nombreux patients sont partis « en permission » dans leur famille. Qu'y ont-ils vécu ? Comment se sont passées pour eux les « retrouvailles » avec leurs proches ? Avec un environnement qu'ils redoutent souvent, et dont l'hôpital, un temps, les protège ?

 
Nous sommes dimanche 27 décembre. Il est 14 heures, l'heure des trans. On prend le temps, l'ambiance est détendue et chacun raconte son Noël. Il y a ceux qui ont trop mangé, ceux qui ont trop bu et ceux qui ont trop gâté leurs enfants. Et pour qui n'aurait pas assez festoyé, il y a même une bouteille de champagne au frais qu'on sabrera tout à l'heure. Jusqu'ici tout va bien
 
Le truc pendant les fêtes c'est que les patients sont beaucoup plus nombreux à partir en permission. Bien sûr les plus délirants, les plus maniaques, les plus décompensés et les suicidaires ne partent pas. Mais parmi les autres beaucoup passent d'un cocon institutionnel à un cocon familial l'espace de 24 ou 48 heures.
 
Alors cette année pour le réveillon de Noël, ils étaient une douzaine à partir en permission avec plus ou moins d'appréhension. Cela peut sembler difficile à comprendre pour qui n'a jamais mis un pied dans l’univers de la psychiatrie mais oui, il y a bien de l'appréhension à quitter l'hôpital. En effet celui-ci à un rôle protecteur quand le monde extérieur est trop difficile à supporter et puis les familles sont loin d'être toujours aidantes. Familles qui plus est, souvent impliquées de façon plus ou moins lointaine dans la problématique du patient. Alors partir, c'est pas toujours évident…
 
Et nous sommes là, réunis après les fêtes, pour les transmissions. Les permissionnaires, quant à eux, sont tous rentrés depuis la veille. La collègue annonce la couleur :
– Bon je vous préviens, ça va être rapide, on a pas grand chose à vous dire!
– Ok, ben dites le quand même, lui répond Manu mon collègue d'après midi.
Et elle déroule… chambre 1, chambre 2, chambre 3. Tac-tac, tac-tac, tac-tac, un métronome réglé en mode kalachnikov… 
– Deux petites secondes, lui dit Manu, tu peux ralentir s'il te plaît, on finira pas plus tôt tu sais !
– Oh mais je t'ai dit on a rien à vous dire…
–  Certes mais on était pas tous là les jours derniers et on veux bien – enfin moi je le veux – un minimum de trans!
– Ohoh c'est dimanche ! … »

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