Martin Hirsch, DG de l’AP-HP veut revoir l’accord 35 heures

FacebookXBlueskyLinkedInEmail

Les Echos publie un long entretien avec Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, qui  souhaite "reprendre l’accord AP-HP de 2002 sur la réduction du temps de travail, qui n’est plus adapté aux enjeux d’aujourd’hui".

Martin Hirsch souligne en effet que « personne à l'hôpital n'est satisfait de l'organisation actuelle, avec du temps perdu, des plannings surchargés et instables, de l'absentéisme et des coûts élevés pour remplacer les absents. Mais le chantier est miné, car les personnels hospitaliers tiennent à leurs jours de RTT. La négociation qui s'ouvre à l'AP-HP aura valeur de test pour l'ensemble du secteur public hospitalier (…) nous visons un retour à l’équilibre en 2016, après avoir ramené notre déficit à moins de 50 millions en 2014. Toutes les transformations que nous engageons visent à améliorer le service rendu au patient, à maintenir un haut niveau d’investissements, à lutter plus activement contre les difficultés d’accès aux soins ».
Le directeur général de l’AP-HP remarque que « si on ne changeait rien à notre organisation, à notre manière de travailler, alors oui, il faudrait supprimer plusieurs milliers d’emplois pour tenir nos engagements budgétaires. Mais le chantier que nous menons vise justement à préserver les emplois «au lit du malade». Mieux, l’objectif est d’améliorer des conditions de travail aujourd’hui insatisfaisantes ».
« Il faudrait que l’équipe ait des plages horaires qui correspondent au temps de prise en charge, plutôt que de voir se relayer deux équipes. Nous avons aussi un problème de «concordance des temps», quand le chirurgien, l’anesthésiste, le brancardier, l’infirmier s’attendent les uns les autres. Ce temps mal coordonné coûte cher. Je souhaite entraîner l’AP-HP «à la reconquête du temps perdu», poursuit le responsable.
Martin Hirsch ajoute que « nous ne demandons pas de modifier la réglementation, mais nous reprenons l’accord AP-HP de 2002 sur la réduction du temps de travail, qui n’est plus adapté aux enjeux d’aujourd’hui. […] Les minutes accumulées font des milliers de jours à rattraper, en récupérations, en RTT. Mais la rigidité de nos organisations fait que souvent, les RTT sont annulées au dernier moment pour faire face au manque d’effectifs, des mensualités de remplacements sont alors dépensées en catastrophe et au final, personne n’est content ! D’où aussi un absentéisme élevé, de l’usure… ».
Le directeur général souligne qu’« on peut changer cela. On peut adapter l’organisation du travail, avec un plus grand nombre de personnes travaillant 7h30 ou 7 heures par jour, d’autres peut-être 10 heures si cela permet de mieux «coller» au cycle de soins pour le patient, de mieux utiliser des blocs opératoires. A l’arrivée, il y aura certes moins de jours à récupérer, mais plus de prévisibilité, et l’on pourra répondre à des demandes non satisfaites, en matière de formation professionnelle notamment. Et on soignera mieux les patients ! ».
Martin Hirsch indique en outre que « les changements sur le temps de travail vont de pair avec les réorganisations d’activité pour lesquels les médecins se disent prêts à être moteurs. Nous sommes en train de mesurer les performances de chaque service, par spécialité, en matière de soins et de recherche, au regard des moyens médicaux impartis. C’est nécessaire. Si l’AP-HP veut avoir la force du premier CHU d’Europe, et pas la faiblesse d’une collection de mini-CHU, il faudra que les services s’alignent sur les plus performants ou se regroupent ».