A l'occasion d'un entretien accordé début septembre a Hospimédia Adeline Hazan, contrôleur général des lieux de privation de liberté nommée en juillet dernier, explique vouloir faire de la psychiatrie une des priorités de son début de mandat. Elle pense en particulier "que le débat sur les hospitalisations sous contrainte et le respect des droits de ces patients n'est pas encore assez mené dans l'opinion publique, à la différence de celui des droits en prison, qui mobilise davantage l'opinion. Les problématiques en psychiatrie sont très mal connues du grand public".
Elle précise que "le secteur de la psychiatrie n'a pas été complètement défriché… et que les établissements psychiatriques sont loin d'avoir été tous visités (1)". Concrêtement sa première préoccupation "sera déjà d'en visiter le maximum, puis déceler ce qui prête à difficulté et ce qui reste à améliorer. Il y aura un focus particulier sur la question de l'isolement, la question de la contention,… Ces mesures de contrainte doivent bénéficier d'une traçabilité et être interrogées : sont-elles toujours justifiées ? Ne sont-elles pas parfois utilisées comme des mesures de gestion plus que comme mesure de soins ? D'autant que la loi de mai 2014 a renforcé les pouvoirs du CGLPL en donnant accès aux dossiers médicaux sous la réserve que ce soit un médecin [dans l'équipe du CGLPL] qui en ait communication. Il y a également la question des patients passés en unité pour malade difficile (UMD), qui ont parfois du mal à être réorientés vers leurs établissements d'origine, peu enclins parfois à les récupérer, et ces patients peuvent passer du coup trop de temps en UMD par rapport à la seule nécessité de soins. Enfin, une autre question me préoccupe, il faut se pencher sur les protocoles entre professionnels – médicaux, pénitentiaires, etc – lors de l'extraction des détenus pour recevoir des soins et/ou être hospitalisés, pour que les consignes soient plus précises. Il semble que les pratiques sont aujourd'hui très hétérogènes".
(1) 123 visites – dont 122 visites uniques – ont été effectuées entre 2008 et 2013 dans les 369 établissements de santé recensés comme relevant du CGLPL, selon le bilan de l'activité du Contrôleur général dans son rapport annuel 2013..