Les violences conjuguales rarement suivies de plainte

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En 2010 ou 2011, 2,2 millions de personnes de 18 à 75 ans ont subi des violences physiques ou sexuelles. Les hommes sont beaucoup moins souvent que les femmes victimes de viols et d’autres atteintes sexuelles. Les jeunes adultes et les parents de familles monoparentales sont plus exposés à toutes les formes de violences. Pour un homme sur deux victime de violence, l’auteur est un inconnu. À l’opposé, les trois quarts des femmes victimes de violence connaissent leur agresseur. Notamment, pour plus de 30 % d’entre elles, il s’agit du conjoint ou de l’ex-conjoint. Ces violences conjugales sont rarement suivies de plaintes, en particulier lorsqu’il s’agit d’agressions à caractère sexuel.

Pour plus de la moitié des femmes qui en ont été victimes, les violences conjugales ont perturbé leur vie quotidienne et leur vie professionnelle. Pour 16 % d’entre elles, un médecin a délivré un certificat d’incapacité totale de travail. Pourtant, la plupart de ces violences ne sont pas suivies de plaintes : 28 % des victimes se sont déplacées à la police ou à la gendarmerie, 16 % d’entre elles ont porté plainte et 12 % ont enregistré une main courante ou n’ont fait aucune déclaration. Les recours sont plus rares encore quand l’agression commise par le conjoint est un rapport sexuel ou des attouchements forcés : 17 % des femmes victimes se sont alors rendues à la police ou à la gendarmerie et 8 % seulement ont déposé une plainte.

Le taux de plainte est plus élevé et le dépôt d’une main courante est plus fréquent quand le couple s’est séparé entre le moment des faits et le moment de l’enquête. Le recours à la loi est également plus fréquent quand, au moment des faits, l’agresseur est l’ex-conjoint et non le conjoint. En effet, un peu plus de la moitié des femmes agressées par leur ex-conjoint se sont rendues à la police ou à la gendarmerie et un tiers d’entre elles ont porté plainte. Plus l’agresseur est proche de la victime, moins les faits sont suivis de plainte.

La raison la plus souvent évoquée par les femmes qui n’ont pas eu recours à la police ou à la gendarmerie après des violences conjugales est le désir de trouver une autre solution. Beaucoup d’entre elles considéraient également que cela n’aurait servi à rien. Enfin, une part importante des victimes ne se sont pas déplacées pour éviter des épreuves supplémentaires, comme un témoignage ou une confrontation.

Presque toutes les femmes victimes de violences conjugales qui se sont déplacées à la police ou la gendarmerie ont également parlé de ces actes à des amis ou à des proches. Une grande partie d’entre elles ont appelé un numéro vert, se sont adressées à des services sociaux ou des associations d’aide aux victimes ou encore ont consulté un psychologue ou un psychiatre. Ces recours sont beaucoup plus rares chez les femmes qui ne se sont pas déplacées à la police ou à la gendarmerie. Dans l’ensemble, plus d’une femme sur cinq victime de violences conjugales ne s’en est confiée à personne, pas même à des amis ou à des proches. Quand la violence commise par le conjoint ou l’ex-conjoint était de nature sexuelle, plus d’une femme sur trois n’en a parlé à personne.

Femmes et hommes face à la violence, Insee première n° 1473, novembre 2013