«La qualité et la sécurité du circuit du médicament à l’hôpital sont encore imparfaitement maîtrisées », estime l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) dans un récent rapport. Poursuivant son enquête suite au décès d’un enfant en décembre 2008 lié à une erreur d’administration de produit (1), l’Igas a enquêté au sein de sept établissements non universitaires ayant mené des initiatives de modernisation et a exploré la thématique dans ses dimensions sécurité, qualité, efficience et pilotage.
Le circuit du médicament reste un processus complexe et hétérogène qui fait intervenir de nombreux acteurs et comporte des risques d’erreurs importants parce qu’il repose sur des facteurs humains. Les médicaments sont la troisième cause d’événements indésirables graves à l’hôpital (après les actes invasifs et les infections liées aux soins). L’environnement hospitalier actuel, avec l’obligation de performances, l’accélération de la mobilité du personnel, la réduction de la durée des séjours et la hausse des molécules référencées, accroît les risques. « Une marge de progression existe dans la mise en place de procédures qualité et le champ de l’informatisation et de l’automatisation, estiment donc les rapporteurs, qui précisent : Il faut positionner chaque acteur sur les secteurs où sa plus-value est la plus importante pour le patient. L’infirmier doit pouvoir se consacrer à l’administration des médicaments, en particulier les plus à risque tels que les injectables, en s’appuyant sur le préparateur pour la préparation des doses à administrer et la gestion des médicaments. Le pharmacien doit se rapprocher du soin par l’analyse des ordonnances et plus largement apporter son expertise clinique au médecin. Ce dernier doit pouvoir se consacrer à une prescription de qualité. » Le rapport se base sur les exigences et les possibilités ouvertes par la loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) (2), en particulier son volet de modernisation des établissements, ainsi que celles de ses dispositions qui organisent les collaborations entre professionnels de santé et ont pour objectif de garantir la continuité du parcours de soins. L’Igas note enfin que « des progrès sont possibles à moyens constants mais des moyens humains et financiers seront nécessaires pour aller plus loin. »
1– Sécurisation du circuit du médicament à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Dahan M., Sauret J, Igas, 2010.
2– Loi 2009-879 du 21 juillet 2009.
- Le circuit du médicament à l’hôpital. Cubaynes M.-H., Noury D., Dahan M., Falip E. www.igas.gouv.fr