Infirmiers : entre inquiétude et amour du métier

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Le premier sentiment évoqué par les infirmiers pour décrire leur état d’esprit actuel est l’inquiétude. Ils sont ainsi 60 % à la ressentir, particulièrement dans le secteur hospitalier public (64 % contre 57 % dans le secteur privé et 49 % en libéral). Leur idée du futur est identique : 75 % se disent inquiets lorsqu’ils pensent à leur avenir professionnel. Les infirmiers sont cependant près de la moitié (49 %) à exprimer de la motivation à exercer et 81 % d’entre eux considèrent que même si leur métier est difficile, il n’est pas question d’en changer actuellement.
Interrogés sur leur situation, les infirmiers reconnaissent globalement qu’elle s’est dégradée ces dernières années notamment en termes de niveau de stress (56 %), de reconnaissance de leur travail par les pouvoirs publics (55 %) et de rythme de travail (51 %). Ils estiment par contre majoritairement que leur situation reste inchangée au niveau des rémunérations, des perspectives d’évolution de carrière et la reconnaissance de leur travail par les médecins et les patients.
Concernant les réformes relatives à leur métier, la reconnaissance du Diplôme d’État Infirmier au grade de licence est largement approuvée (87 %), tout comme l’extension des domaines pour lesquels ils pourraient être autorisés à effectuer des prescriptions médicales (70 %). La question de la mise en place des Agences régionales de santé partage les professionnels : 58 % pensent que c’est une bonne chose, 21 % que c’est une mauvaise chose et 21 % ne sont pas capables de se prononcer (manque d’information ?).
• Autre question qui suscite des réponses mitigées : le passage de la catégorie B à la catégorie A. Si cette évolution est approuvée globalement par les infirmiers (53 %), ils sont néanmoins partagés : 47 % exerçant dans le secteur hospitalier public pensent que c’est une bonne chose, 42 % sont de l’avis inverse. De plus, quand on leur explique ce que cela implique (revalorisation salariale mais départ en retraite plus tardif) et qu’on leur demande ce qu’ils pensent faire, 45 % préfèrent rester en catégorie B, contre 39 % qui pensent passer en catégorie A et 16 % qui ne savent pas encore. Les plus jeunes se montrent en revanche majoritairement favorables au changement de statut.
• L’enquête aborde la question cruciale des retraites et elle fait débat : les infirmiers sont divisés sur l’âge maximum auquel ils pensent pouvoir exercer dans de bonnes conditions (48 % citent un âge inférieur ou égal à 55 ans, 45 % un âge supérieur). Ces résultats masquent de fortes disparités selon le secteur d’activité : les personnes exerçant en libéral plaçant majoritairement la barre à 60 ans ou plus, tandis que leurs collègues du secteur hospitalier public jugent largement que l’âge limite pour exercer dans de bonnes conditions est 55 ans ou moins (et ce quel que soit leur choix concernant le changement de statut).
• Dernière question d’importance : la création de l’Ordre infirmier. 67 % pensent que c’est une mauvaise chose et 81 % estiment que le montant de la cotisation (75 euros) est trop élevé. Mais, là encore, les réponses sont fortement clivées en fonction du secteur d’activité : les deux tiers des infirmiers libéraux pensent que c’est une bonne chose, alors que seuls 15 % des infirmiers du secteur hospitalier public partagent cet avis.

« Enquête faite par l’Institut Ipsos à l’occasion du Salon Infirmier à la porte de Versailles les 3-4-5 novembre derniers. Ce sondage a été réalisé auprès de 303 infirmiers, constituant un échantillon représentatif de cette population en termes de sexe, d’âge, de secteur d’activité et de région (méthode des quotas), interrogés par téléphone du 23 au 29 septembre 2010; www.ipsos.fr